L’avenir du transport routier se dessine à Lyon
Le 10 octobre dernier, l’écosystème du véhicule industriel s’est retrouvé au Matmut Stadium de Lyon-Gerland, à l’invitation de la FFC, pour ses Rencontres de la Filière. Initié en 2018, cet évènement organisé tous les deux ans, en alternance avec le salon Solutrans, a réuni de nombreux experts pour une journée de débats.
Cette édition 2024 a mis le focus sur la décarbonation du transport. Avec la volonté, selon Patrick Cholton, président de la biennale lyonnaise dédiée aux véhicules industriels, d’accompagner les professionnels de la filière dans cette mutation.
L’hydrogène, l’avenir du transport routier ?
Les débats se sont ouverts avec une première conférence placée sous le thème de l’hydrogène. Les annonces et développements autour de ce nouveau vecteur énergétique appliqué au transport routier se sont multipliés depuis l’annonce du plan européen de décarbonation "Fit for 55". Cette filière hydrogène est actuellement soutenue par de nombreux projets dans plusieurs marchés internationaux.
"C’est une filière très dynamique, confirme Philippe Boucly, président de France Hydrogène. Plus de 70 pays disposent d’une feuille de route dédiée à l’hydrogène." Chez les constructeurs, l’engouement est partagé avec de nombreux développements déployés autour de cette motorisation.
Ainsi, le groupe Hyundai a déjà investi 6 milliards d’euros sur cette technologie. Après avoir mis ses premiers véhicules roulant à l’hydrogène sur les routes suisses dès 2021, le sud-coréen projette de faire rouler ses premiers camions H2 en France dès 2025. "Nous avons l’ambition de devenir un acteur majeur de l’écosystème hydrogène", confie Charles Cambournac, directeur général de Hyundai Hydrogen Mobility.
Mais pour s’imposer définitivement dans le paysage du transport routier, la filière devra relever plusieurs défis, dont la disponibilité des infrastructures d’avitaillement et les coûts de production. "Il est nécessaire de massifier la production et de baisser les coûts. L’objectif est de fournir le plus rapidement possible de l’hydrogène vert à 8 € le kilo à la pompe", soutient Erwin Penfornis, VP de la branche hydrogène d’Air Liquide.
Des réglementations à ajuster pour une transition réussie
À l’issue de cette première table ronde, une nouvelle conférence s’est penchée sur l’avenir du moteur thermique, qui pourrait encore perdurer malgré l’électrification du parc. En effet, de nombreuses voix plaident pour une transition plus progressive, arguant que la technologie électrique n’est pas suffisamment prête pour répondre à tous les besoins. "Les moteurs à combustion ont encore de l’avenir avec l’utilisation des biocarburants et e-carburants", estime Harald Seidel, président de DAF Trucks.
Parmi les invités de cette table ronde, Richard Lecoupeau, dirigeant de 2C-Consulting, a insisté sur la nécessité d’aborder cette question d’un point de vue systémique. "Si on abandonne le thermique, on se passe d’un grand nombre de carburants… Or, produire de l’énergie pour les moteurs électriques implique des moyens importants."
Consciente que ces enjeux s’inscrivent dans un contexte désormais européen, la FFC a clos ce cycle de conférences par un échange consacré à la législation. L’occasion pour Jean-Louis Colson, chef d’unité à la Direction générale de la Mobilité et des Transports de la Commission européenne, de faire le point sur les mesures liées à la décarbonation du transport routier.
Également convié à cette table ronde, Damien Destremau, PDG de Reefer Group, n’a pas manqué de rappeler que ces réglementations doivent s’adapter aux contraintes économiques actuelles. "Les réglementations doivent prendre en compte la réalité du terrain. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas", déplore-t-il, pointant du doigt certaines incohérences de Vecto Trailer, relatif aux performances environnementales des remorques. Un avis partagé par Florence Dupasquier, PDG du groupe Samat et présidente de la FNTR, qui juge que les objectifs européens manquent encore trop souvent de "pragmatisme"…