Circularité et électromobilité, les nouveaux moteurs de Renault Trucks

Le chiffre peut paraître anecdotique, mais il témoigne des ambitions de Renault Trucks. Dans l’Hexagone, la marque a écoulé l’an dernier 458 camions électriques de plus de 16 tonnes. Soit une part de marché de 84 %, ce qui permet au constructeur de revendiquer le leadership de l’électromobilité sur le marché des poids lourds.

Ce statut, le groupe tricolore le doit principalement au segment des BOM sur lequel il a enregistré 109 immatriculations. "C’est le segment qui a basculé le plus rapidement vers l’électromobilité et pour lequel l’application électrique est compétitive face au diesel", confirme Christophe Martin, directeur général de Renault Trucks France.

Autre motif de satisfaction pour le constructeur : les deux appels à projets publiés en 2023, visant à soutenir l’acquisition de poids lourds électriques, lui ont été largement favorables. Parmi les dossiers sélectionnés, 62 % d’entre eux ont concerné des véhicules au losange. "C’est l’équivalent de 750 véhicules électriques commandés", se félicite Christophe Martin.

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Confiant, le groupe pourra compter en 2024 sur un catalogue élargi avec l’arrivée de ses camions électriques de 44 tonnes (E-Tech T et C), produits à l’usine de Bourg-en-Bresse (01). Les premières livraisons sont attendues dans les prochains jours.

Des perspectives plus compliquées pour 2024

Au-delà de ces performances propres au segment du "zéro émission", Renault Trucks France a dressé un bilan positif de 2023 avec 26 109 véhicules facturés (+20 %). Seule ombre au tableau : le niveau d’immatriculations a été affecté par plusieurs facteurs.

"Nous avons été impactés par un goulot d’étranglement chez les carrossiers, ce qui nous a contraints à porter plus longtemps les stocks. Les délais de livraison des nouveaux tachygraphes nous ont également perturbés. Ainsi, si nous avons facturé 15 000 camions l’an dernier, nous avons pu en immatriculer seulement 13 200", détaille le directeur général.

Tous segments confondus, le constructeur a finalement enregistré une part de marché de 27,3 %, en baisse de 2,1 points par rapport à 2022. Pas de quoi inquiéter Christophe Martin, qui se montre, en revanche, plus circonspect pour 2024. "Les immatriculations devraient baisser de 10 % et le niveau de commandes risque d’être encore plus faible", craint-il.

Renault Trucks mise sur l'économie circulaire

Si les perspectives du marché VN sont peu optimistes, Renault Trucks demeure confiant. Il faut rappeler que le groupe a désormais fait de l’économie circulaire l’un des piliers de son activité. "Produire des camions neufs n’est plus la seule finalité, lance Aymeric Larcher, directeur économie circulaire et VO de Renault Trucks. Cette stratégie s’articule autour de trois axes : régénérer, reconvertir et remanufacturer."

Dans le cadre de cette feuille de route, le constructeur a notamment prolongé la vie de 250 camions de ses clients en les reconditionnant dans son Used Trucks Center de Saint-Priest (69) (offre Restart). "En 2024, nous franchirons le cap du 1 000^e véhicule remis à neuf", indique Aymeric Larcher.

Notons que le groupe a également reconverti 95 camions d’occasion l’an dernier dans sa Used Trucks Factory de Bourg-en Bresse. "C’est assez peu mais nous avons manqué de VO l’an dernier", regrette le directeur économie circulaire. En 2023, Renault Trucks a d’ailleurs franchi une étape supplémentaire en matière de circularité en s’attaquant au rétrofit. 25 tracteurs routiers ont ainsi été transformés avec le partenariat de la start-up Neotrucks et 40 unités sont prévues en 2024.

Le rétrofit électrique en ligne de mire

Autre initiative notable dans ce domaine : Renault Trucks a mené l’an dernier un projet de rétrofit électrique en collaboration avec Novumtech. Un camion diesel de 12 tonnes a ainsi été converti en un camion électrique à batteries. Une homologation de ce véhicule est espérée en 2024, avant une phase de tests en conditions réelles d'exploitation.

Dans le domaine du remanufacturing, Renault Trucks peut également se réjouir du développement de ses ventes de pièces de rechange reconditionnées. Ces dernières représentent désormais 20 % du chiffre d’affaires global de l’activité pièces réalisé par le groupe. "C’est une progression très significative puisque nous ne dépassions même pas les 10 % il y a 2 ou 3 ans", conclut Christophe Martin.