Volvo Trucks, premier sur l'électrique ?
Dix ans plus tard, Volvo Trucks est de retour tout en haut de l'affiche. Cette affiche, c'est le prix du Camion international de l'année. Le constructeur suédois a raflé la mise le 22 novembre 2023 pour l'année 2024. Son dernier trophée remontait à 2014, pour le Volvo FH16 (3e récompense pour un Volvo FH à cette époque).
Pour cette nouvelle édition, le poids lourd vainqueur est le FH Electric, le premier lauréat roulant à l'électrique. Cela marque le début d'une nouvelle ère pour le secteur, et l'aboutissement d'un travail de pionnier pour Volvo Trucks, qui revendique 49 % de part de marché en Europe en termes de poids lourds électriques.
64 immatriculations électriques en France en 2023
Le suédois produit en série des camions électriques depuis 2019. À fin novembre 2023, 64 immatriculations ont déjà été enregistrées en France sur l'année, et plus de 100 commandes. "Notre part de marché est de 17,8 % sur le marché français" affirme Jérôme Flassayer, directeur électromobilité. En Europe, Volvo Trucks réalise plus de ventes en Allemagne et aux Pays-Bas par exemple. La France ne se classe que huitième cette année.
Le constructeur joue la carte de la pédagogie pour promouvoir l'électrique. "Nous ne commercialisons pas un véhicule électrique sans formation", martèle Jérôme Flassayer. La formation, c'est notamment l'écoconduite pour optimiser la consommation d'énergie. Les gains sont encore plus importants que sur un véhicule thermique. "On constate des écarts de consommation jusqu'à 26 % selon le comportement de conduite en camion diesel, et jusqu'à 45 % en électrique", remarque Joël Demoule, responsable Demo Driver. La gestion des temps d'arrêt, le freinage ou encore la régénération d'énergie sont des points sur lesquels insistent les formateurs. Une bonne régénération peut, selon des essais Volvo Trucks, permettre de gagner 26 kWh sur 100 km.
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26 kWh, un chiffre qui peut encore laisser interrogatif. "Nous changeons de référentiel en passant à l'électrique", confirme Jérôme Flassayer. Le directeur électromobilité de Volvo Trucks rappelle qu'un litre de gazole équivaut environ à 11 kWh d'énergie pure. Avec des batteries de 75,5 kWh, l'équivalent en gazole et de 6,7 litres. Cela semble peu… "Mais le rendement d'un moteur électrique, 95 %, est bien supérieur à celui d'un moteur thermique, 45 %", informe ce dernier.
Des aides à revoir ?
La pédagogie sur cette nouvelle énergie est nécessaire, tout comme les aides dont peuvent disposer les transporteurs pour acquérir des camions. Incitation fiscale via un crédit d'impôt (de 20 à 60 % de la valeur d'achat selon le poids brut du véhicule), appels à projet, initiatives locales… Les possibilités sont nombreuses, mais Volvo Trucks en attend plus. Ou du moins, une meilleure application des aides existantes.
"L'appel à projets est un processus long, chronophage et complexe, déplore Jérôme Flassayer. Nous proposons de revoir le calendrier des déposes de dossier et d'annonces des lauréats, mais aussi de mieux répartir l'enveloppe budgétaire. Car, sur le premier appel à projets de 55 millions d'euros, quatre clients ont raflé 75 % de la mise. De plus, il n'y a pas d'obligation d'achat derrière, il faut donc pousser à la réalisation des projets. Nous pensons que réduire à un mois le passage de commande après l'obtention de l'aide est suffisant, et de passer à 18 mois la mise en place du projet. Il faut accélérer la décarbonation du transport routier par l'électromobilité !"
Volvo en bonne voie pour la décarbonation
Avec un objectif affiché de réduction de ses émissions de carbone de 25 % en 2025, de 50 % en 2030 et de 100 % en 2040 (année de base : 2019), le constructeur est sur la bonne voie. Sans prendre en compte les camions électriques, il a déjà réduit ses émissions de 9,66 %. L'électrification lui permettra d'accélérer sa décarbonation. Mais Volvo Trucks ne se repose pas sur ses lauriers et introduira prochainement sur ses véhicules un nouvel E-Axle, avec un rendement amélioré permettant de gagner 1 kWh/100 km à 40 tonnes.
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Concernant l'hydrogène enfin, Jérôme Flassayer prévoit que "la pile à combustible sera disponible à la fin de la décennie". Il poursuit : "Avec les batteries, ce seront deux énergies complémentaires, qui répondront à des besoins différents." Enfin, sur la question du recyclage des batteries, le directeur électromobilité préfère en premier lieu parler de "circularité complète". Il conclut : "Il faut étendre la durée de vie de la batterie au maximum : remanufacturing, réemploi dans d'autres usages… Le recyclage ne devra intervenir qu'en dernier recours."