Vers une forte baisse des immatriculations de poids lourds
Les années se suivent mais ne se ressemblent pas pour le secteur du poids lourd. Dans son point de rentrée, la Csiam (qui affiche 70 % des immatriculations des PL, bus et autocars avec ses 11 adhérents) note un marché en baisse sur les huit premiers mois de l'année.
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Rappelons en effet que 48 865 poids lourds (plus de 5,1 tonnes) ont été mis à la route, en France, en 2023 (source AAA Data), après deux années autour des 44 000. A fin août 2024, on compte 33 766 immatriculations sur ce segment, soit 4,5 % de moins qu'à la même époque l'an dernier (35 351).
"Nous n'en sommes qu'au début"
"Le marché avait poursuivi sa croissance en début d'année, mais a connu une grosse baisse à partir de l'été. C'était anticipé par les constructeurs, et cela devrait continuer sur la fin d'année. Nous avions terminé 2023 à un niveau assez exceptionnel, il est peu probable qu'on y arrive en 2024", commente Marie Defrance, adjointe à la présidente déléguée de la Csiam.
"Ces chiffres sont le reflet de ce qu'on voit sur le carnet de commandes depuis quelques années, analyse Jean-Yves Kerbrat, directeur général de MAN Truck & Bus France. Nous sommes sur un cycle à la baisse en termes de commandes, et allons donc nous retrouver avec un marché clairement en baisse. Nous n'en sommes qu'au début car, depuis presque un an, il y a une grosse baisse des commandes."
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Les "changements de règlements cet été" (Stéphane Espinasse, président d'Iveco France) ou encore "l'incertitude politique des derniers mois" (Brice Maurandi, directeur marketing de Volvo Trucks France) sont des facteurs explicatifs des chiffres en baisse cet été. Ulrich Loebich, président de Daimler Truck France, ne veut pas jouer les alarmistes en rappelant qu'il s'agit d'une "normalisation du marché, pas d'une crise, car 2023 était une année exceptionnelle".
Les porteurs en progression
Dans le détail, on constate que les immatriculations des tracteurs sont particulièrement en baisse sur la période janvier-août (-9,7 %, 17 917 unités), alors que les porteurs ont eux progressé de 2,2 % (15 849 immatriculations).
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Cet écart est "une question de timing" selon Laurent d'Arnal, directeur commercial de Volvo Truck France. "Il s’explique par un back log important accumulé chez les carrossiers liés aux difficultés d’approvisionnement de 2023 associé à une accélération des immatriculations du fait de l’entrée en vigueur de la réglementation GSR2 en juillet 2024. De ce fait, le marché 2024 s’annonce encore bon en immatriculations. Il est en revanche faible en entrées de commandes, ce qui augure une baisse des immatriculations en 2025."
Tout roule pour le bus et le VU
Notons que le marché du bus reste stable, et même en légère croissance, de 3,1 % (1 086 immatriculations sur les huit premiers mois de l'année. Celui du car croît de 1,3 %. L'explication vient notamment du marché du tourisme, qui "reprend de la vigueur après avoir eu du mal à repartir suite au Covid" selon Jean-Yves Kerbrat.
Côté véhicules utilitaires, enfin, "l'année 2023 avait été exceptionnelle, 2024 se poursuit sur cette lancée", résume Marie Defrance. En effet, 8,1 % de VU en plus (soit 261 451) ont été immatriculés de janvier à août 2024 comparé à la même période de 2023. Dans le détail, les VUL (moins de 3,5 tonnes) dominent le marché, avec 260 834 immatriculations, contre 617 VU de 3,5 à 5,1 tonnes. Chez Iveco, Stéphane Espinasse note un "marché dynamique" mais prévient que la tendance "diffère de ce que l'on peut vivre en termes de prise de commande pour les mois prochains".