Camion électrique : les constructeurs accusés d'être prêts à réduire leurs ventes

Mi-octobre, six constructeurs européens ont envoyé une lettre à la Commission européenne. Il s'agit de Scania, MAN, Volvo Trucks, Daimler, Iveco et Ford Trucks. Ensemble, ils proposent un amendement au règlement sur les émissions des poids lourds (point 5.2, annexe 1), plus communément connu comme la réglementation Vecto.
Des crédits plus importants chaque année
Pour le moment, l'annexe prévoit une possibilité pour les constructeurs d'obtenir chaque année des "crédits" si leur réduction d'émissions se situe au-dessus de la trajectoire linéaire des objectifs annoncés entre 2025 (-15 % vs 2019) et 2030 (-43 %). Ces crédits seraient utilisables en 2030 pour compenser s'ils n'atteignent pas les objectifs.
L'amendement propose de renforcer cette mesure. Les constructeurs aimeraient obtenir chaque année des crédits s'ils dépassent les objectifs de réduction de leurs émissions de 2025, soit -15 % vs 2019. Et donc, par exemple, d'obtenir des crédits en 2029 si la réduction d'émissions est de 16 %, pourtant loin des 43 % requis l'année suivante. A noter que l'amendement prévoit un système similaire pour les objectifs entre 2030 (-43 %), 2035 (-64 %) et 2040 (-90 %).
27 % de ventes en moins ?
Une demande qui critique vivement l'organisation Transport & Environnement, qui plaide pour la trajectoire linéaire actuellement en vigueur. "Cela pourrait retarder la production et réduire les ventes de camions zéro émission de 27 % en 2030", a calculé le lobby, se basant sur une augmentation des ventes similaire à l'actuelle. T&E estime qu'avec la règle actuelle, 93 000 ventes électriques pourraient être atteintes en 2030, contre seulement 68 000 avec cet amendement.
L'organisation craint que cet amendement empêche les prix des camions électriques de chuter, et que cela créerait également de l'incertitude au niveau des investissements pour l’industrie européenne des infrastructures de recharge.
"L'industrie du poids lourd affirme que le manque d'infrastructure de recharge est le principal goulot d'étranglement, mais comment s'attendent-ils à ce qu'une compagnie d'électricité investisse s'ils reviennent maintenant sur leurs propres engagements ? La Commission européenne devrait tenir la ligne. Plus l’Europe et nos camionneurs retardent la transition, plus nous risquons de perdre le marché face à des concurrents chinois", dénonce Stef Cornelis, directeur du fret et de la flotte.
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