"Méga-camions" : la porte reste (très) légèrement entrouverte en France

Pendant près de trois heures mercredi 5 février 2025, Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports, a été auditionné par la commission du Développement durable de l’Assemblée nationale. Jean-Marie Fiévet, député des Deux-Sèvres (Ensemble pour la République), l'a notamment interpellé sur le sujet des "méga-camions", une innovation qui pourrait, selon lui "concourir à la transition écologique du secteur du transport".
"Il faudrait étudier sérieusement la question"
Il développe : "Les méga-camions sont souvent écartés du débat public. Nos voisins se sont intéressés à ce sujet et il semblerait que ce soit un succès chez eux. C'est le cas de la Finlande, du Danemark et de la Suède depuis plusieurs années, et de l'Espagne depuis quelques mois."
Selon le député, les avantages du "méga-camion" sont le transport de plus de marchandises en un voyage, ce qui signifie moins de camions sur les routes, donc moins d'émissions de gaz à effet de serre et de pollution atmosphérique. Cela contribuerait aussi à fluidifier le trafic, à réduire les temps de transport et les risques d'accident. "Il faudrait étudier sérieusement la question. Une expérimentation était prévue en 2010. Les transporteurs attendent toujours. Le gouvernement mènera-t-il une étude sérieuse ?", a-t-il interrogé.
Des routes "déjà assez délabrées"
"Présenté comme ça, je ne peux pas totalement fermer la porte", a plaisanté Philippe Tabarot au début de sa réponse. Le ministre a rappelé que, quand il était sénateur, encore récemment, il n'était "pas fan du méga-camion", pour des raisons d'état des routes, "déjà assez délabrées" et de sécurité routière. "Mais je demande à ce qu'on me prouve du contraire", a-t-il exprimé.
Philippe Tabarot a aussi précisé qu'il pensait que les "méga-camions" accéléraient la fin du fret ferroviaire, auquel il est attaché. "Je ne veux par ailleurs pas que l'on se fasse imposer cela au niveau européen", a-t-il ajouté, indiquant que son homologue allemand, vu plus tôt dans la semaine, n'est pas favorable aux "méga-camions" et "a une position ferme sur le sujet". Le ministre a conclu : "La question peut se poser, les arguments peuvent être exposés. Je ne prendrai pas de position ferme et définitive sur le sujet aujourd'hui."