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Transport

L'Europe favorable à la circulation des "méga-camions"

Publié le 12 mars 2024

Par Florent Le Marquis
2 min de lecture
Le Parlement européen a voté le texte augmentant le poids maximum des camions de 40 à 44 tonnes. La libre circulation des "méga-camions" en Europe est également incluse. Le texte doit néanmoins encore être négocié.
Les députés européens ont voté en faveur de la circulation dans l’UE de "méga-camions", pouvant atteindre jusqu’à 25 mètres pour 60 tonnes. ©Wusel007

"Le vote d'aujourd'hui va à l'encontre des objectifs fixés par le Green Deal de décarbonation de nos transports." Karima Delli, députée européenne et présidente de la Commission transport et tourisme du Parlement européen, ne mâche pas ses mots. L'élue s'est montrée très critique à l'égard de l'adoption, ce 12 mars 2024, du rapport sur la directive relative aux poids et dimensions du transport routier par le Parlement européen (330 voix pour, 207 contre et 74 abstentions).

Ce texte prévoit, rappelons-le, d'augmenter le poids maximum des camions électriques et à hydrogène. Il va passer de 40 à 44 tonnes. Les véhicules diesel vont aussi bénéficier de ce relèvement à 44 tonnes jusqu'en 2035.

Ce n'est pas tout : ce texte va également simplifier les conditions transfrontalières de circulation des "méga-camions" partout en Europe. Ainsi, un État membre autorisera forcément la circulation d'un "méga-camion" étranger sur son territoire à partir du moment où il l'autorise pour le trafic domestique.

Rappelons que ce n'est pas le cas de la France actuellement, contrairement à d'autres pays comme l'Allemagne, la Suède ou encore les Pays-Bas. Aussi appelé gigaliner ou système modulaire européen (EMS), un "méga-camion" associe remorque et conteneur. L'ensemble routier peut peser 60 tonnes et mesurer 25 mètres de long. La limite en France est de 44 tonnes et 18,75 mètres.

Le "méga-camion" inquiète les écologistes et le secteur du ferroviaire

Grâce à cette nouvelle réglementation, le Parlement européen entend favoriser l'électrification du parc. Les camions "zéro émission" sont en effet plus lourds que les thermiques. L'augmentation du tonnage devrait, en outre, permettre de réduire la consommation de carburant et les émissions carbone du parc de poids lourds.

Selon Bruxelles, ce seul texte contribuerait à réduire d'environ 1,2 % les émissions de CO2 du transport de marchandises sur 2025-2050, et ferait économiser 45 milliards d'euros aux transporteurs sur cette période, grâce à des normes harmonisées et au surcroît de volume acheminé par trajet.

En février dernier, l'Union internationale des transports routiers (IRU) s'était dit favorable à cette réglementation, estimant que les "décideurs politiques de l'UE ont compris les préoccupations liées à l'arrivée des véhicules zéro émission plus lourds et à l'impact qu'ils auront sur les charges utiles".

De son côté, Karima Delli se montre fermement opposée à ce texte : "J'appelle la France à se positionner fermement contre les méga-camions. Notre pays est entouré de pays qui les autorisent et vont faire pression pour que nous les autorisions également. Nous devons être clairs sur la question : il n'y aura pas de méga-camion sur le territoire français."

Même préoccupation du côté des acteurs du rail. L'objectif européen de doubler d'ici 2030 la part du ferroviaire dans le transport de marchandises, à 30 %, "sera mis en péril", estime Alberto Mazzola, directeur de la Communauté européenne du rail (CER).

Notons néanmoins que le Conseil européen n'a pas encore acté sa position. Le texte sera de nouveau négocié en trilogue lors de la prochaine mandature.

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