Écotaxe poids lourds : le ministre des Transports Philippe Tabarot en remet une couche
"Nous devons repenser notre modèle car le système actuel de financement des mobilités est à bout de souffle." Auditionné par la commission du Développement durable de l’Assemblée nationale le 5 février 2025, le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot, a rappelé les raisons l'ayant poussé à organiser une conférence nationale sur le financement des mobilités, qui devrait débuter au printemps.
Cinq milliards d'euros perdus
Le ministre a donc longuement parlé de financement. "Nous anticipons un tarissement des recettes carbonées, avec une baisse d'environ 13 milliards d'euros de produits de la fiscalité des carburants d'ici 2030. La TICPE, qui représente aujourd'hui une ressource majeure pour l'Afit France (Agence de financement des infrastructures de transport, ndlr), est vouée à disparaître à horizon 2050 compte tenu de notre trajectoire de décarbonation. […] Les infrastructures de transports s'inscrivent dans le temps long et leur financement doit suivre la même logique."
Parmi ces financements, l'écotaxe peut-elle être une solution viable ? Elle aurait pu rapporter gros, en tout cas, selon Philippe Tabarot. "Sa montée en puissance aurait pu ramener jusqu'à cinq milliards d'euros, ce qui représente les financements dont on aurait besoin aujourd'hui pour notre Afit", a-t-il affirmé. Mais, si elle a été décidée par Dominique Bussereau, ministre des Transports de 2007 à 2010, l'écotaxe a ensuite disparu. "Alors que les portails étaient mis en place, Ségolène Royal a décidé du jour au lendemain de la supprimer", a critiqué Philippe Tabarot.
L'écotaxe, une "décision courageuse"
Rappelons qu'en octobre 2024, la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) l'a adoptée. À compter de 2027, les poids lourds de plus de 3,5 tonnes circulant sur les routes alsaciennes (autoroutes A35 et A36) contribueront à hauteur de 15 centimes d'euros par kilomètre. Une "décision courageuse" selon Philippe Tabarot, qui a annoncé qu'il allait "suivre ce dispositif avec attention".
"Peut-être que le dispositif va braquer un certain nombre d'entreprises sur le secteur, mais il va peut-être aussi les aider dans leur transition, a-t-il ajouté. Si on peut éviter que nos routes ne soient pas financées par ceux qui les détériorent le plus, alors c'est une solution intéressante." Le ministre a néanmoins rappelé que l'écotaxe n'était applicable que pour les régions disposant de frontières physiques avec des pays mettant en place des dispositifs similaires. Une possibilité laissée dans la loi climat et résilience de 2021.