Décarbonation du transport : 2025, une année décisive selon la Csiam
Pour la Csiam, c'est certain : 2025 représente une "année clé" pour la transition énergétique du parc de poids lourds. Et pour cause : malgré un marché 2024 relativement stable – avec 47 201 immatriculations (-0,3 %) de véhicules de plus de 7.5 t – l'organisation professionnelle estime que la décarbonation du transport routier de marchandises est plus que jamais en marche.
"L'an dernier, les énergies alternatives ont représenté 10,3 % des immatriculations. Nous sentons une vraie volonté de décarboner chez les transporteurs", souligne Marie Defrance, adjointe à la présidente déléguée de la Csiam.
Une transition déjà engagée malgré les freins de 2024
Dans le détail, la part de marché des véhicules B1/B100 exclusif s'est portée à 5,8 % et celle des motorisations gaz a atteint 3,1 %. Quant aux poids lourds électriques, ils ont représenté 1,4 % des ventes. Si la part des immatriculations de BEV reste encore faible, la chambre syndicale précise qu'elle aurait été supérieure sans les retards dans la publication des dispositifs d’aide.
"Les incertitudes politiques ont freiné les investissements", reconnaît Benoît Tanguy, PDG de Scania France et président de la branche véhicules industriels de la Csiam.
D'ailleurs, Marie Defrance estime que le marché dispose d'un "réservoir d'immatriculations" non négligeable en raison des résultats des appels à projets de l'Ademe et du guichet PME mis en place en 2023 et 2024. Au cours de ces deux années, les dossiers validés concernent plus de 3 000 poids lourds électriques. Si ces financements se concrétisent cette année, la part de marché des BEV pourrait atteindre 3 à 5 % dès 2025, selon les constructeurs de la Csiam.
Un effort collectif nécessaire pour développer le réseau d'infrastructures
Dans ce contexte, les professionnels de la filière misent beaucoup sur les fiches CEE (certificats d’économies d’énergie), nouveau dispositif de subventions mis en place depuis le 1er janvier 2025.
"Nous avons participé à la mise en œuvre de ce mécanisme d'aides simplifiées sous la forme de guichet ouvert. Il est beaucoup plus simple d’accès et présente l'avantage de garantir les primes si on répond aux différents critères. C'est beaucoup plus rassurant, en particulier pour les petits transporteurs", commente Athina Argyriou, présidente déléguée de la Csiam.
Mais la chambre syndicale demeure prudente. La trajectoire fixée par la Stratégie nationale bas carbone 3 (SNBC3) a fixé le seuil d'immatriculations de poids lourds zéro émission à 50 % pour 2030. Pour atteindre cet objectif, les constructeurs estiment qu'un soutien des pouvoirs publics sera indispensable pour accélérer la décarbonation de la mobilité lourde.
"Il faut aussi qu’à nos côtés, l’écosystème du transport routier, les instances gouvernementales et les fournisseurs d’énergie fassent un effort commun pour développer les indispensables infrastructures nécessaires pour atteindre la décarbonation de la mobilité lourde", conclut Ulrich Loebich, président de Daimler Truck France.