"40 % des salariés dans le transport et la logistique ont plus de 50 ans"
"Ce rapport est l'alpha et l'oméga pour la filière transport. Il nous donne des perspectives intéressantes. C'est un travail précieux." Isabelle Maimbourg, directrice générale d'Opco Mobilités, a rappelé l'intérêt, s'il le fallait, du rapport 2024 de l'OPTL (Observatoire prospectif des métiers et qualifications dans les transports et la logistique) en introduction de la présentation de celui-ci, lundi 16 décembre 2024. Un travail de 112 pages mené principalement par l'AFT et Opco Mobilités.
Conducteurs, âge moyen, salaire et féminisation
L'Observatoire dénombre 807 685 salariés dans la branche transports et logistique au 31 décembre 2023, soit 0,3 % de plus qu'à fin 2022. La progression est plus faible que les années précédentes (+4,2 % en 2021 et +1,3 % en 2022). Si on se focalise sur le transport routier de marchandises (TRM), qui concentre la moitié des emplois de la branche, le nombre de salariés est cette fois-ci en baisse : -0,5 %. Le nombre de conducteurs dans la branche est de 540 650. C'est environ 2 700 de moins en un an.
L’âge moyen des salariés de la branche est de 44,5 ans. "40 % des salariés dans le transport et la logistique ont plus de 50 ans, c'est 3,5 fois plus que ceux de moins de 30 ans. Les recrutements sont bien plus pour palier des départs à la retraite que des créations de poste", déplore Valérie Castay, directrice du département des études et projets à l’AFT. La part de CDI dans les embauches passe en dessous des trois-quarts, à 73 % (-3 points). En 2023, le nombre d’intérimaires a de son côté augmenté de 12 %, après avoir diminué de 11 % en 2022. Autre chiffre : le salaire brut des salariés de la branche (équivalent temps plein). Il était en hausse de 5 % en 2022, à 33 118 € de moyenne.
Notons par ailleurs que la féminisation du secteur est encore très inégale : l'OPTL recense 6 % de femmes dans les métiers de la maintenance, et 11 % chez les conducteurs. Pour ce dernier poste, elles sont 37 % dans le sanitaire, 25 % dans le TRV, et seulement 4 % dans le TRM.
Stabilité dans la formation & focus handicap
La formation est un des points majeurs du rapport de l'OPTL chaque année. Ce nouveau cru nous apprend que 40 860 nouveaux conducteurs ont été formés à la conduite de véhicules lourds de TRM en 2023, soit 76 de plus qu'en 2022 (0,2 %). L’ensemble des titres professionnels en transport-logistique délivrés en 2023 est en hausse de 4 %, passant ainsi de 45 945 en 2022 à 47 743. En revanche, le nombre d’attestations de capacité délivrées en transport lourd de marchandises est en forte baisse de 21 %. Côté alternance, le nombre de contrats d’apprentissage et de professionnalisation dans la branche a progressé de 0,8 % en 2023 (après +2 % en 2022 et +27 % en 2021).
Pour la première fois, le rapport de l'OPTL met en avant des statistiques sur les travailleurs en situations de handicap dans la branche entre 2021 et 2023. Rappelons que les entreprises d'au moins 20 salariés doivent en employer. Dans la branche transport et logistique, 70 % des entreprises assujetties, soit 5 200, emploient travailleurs handicapés. Ces derniers sont au nombre de 23 556. Un chiffre qui progresse au fil des ans.
Les incivilités en hausse, la transition énergétique interroge
Par ailleurs, différents focus ont été réalisés, notamment sur la formation, mais aussi sur la décarbonation et sur les incivilités subies par les salariés. Sur ce sujet, les deux tiers des salariés du secteur transport et entreposage déclarent être au contact avec le public. La moitié d’entre eux dit "avoir peur pendant leur travail pour leur sécurité". Dans le détail, 11 % des établissements interrogées déclarent avoir eu une ou plusieurs remontées de conducteurs quant à des incivilités et/ou violences qu’ils auraient subies. Le transport de voyageurs est le plus concerné (19 %, contre 10 % pour le TRM).
80 % des établissements qui signalent ces problèmes y ont été confrontés moins de 6 mois avant l’enquête (entre mars et juin 2024). Pour 31 % des répondants, ces incivilités sont subies plusieurs fois par mois. Et près des deux tiers estiment qu’elles sont en hausse depuis cinq ans. Enfin, deux tiers des établissements pensent que les conducteurs n’ont pas les moyens d'y faire face, et 42 % déclarent avoir mis en place des formations pour les aider à gérer les conflits.
Côté transition écologique, enfin, l'incertitude est de mise. 56 % des établissement ne savent pas si elle aura un impact sur leur activité. Un tiers est en revanche certaine de voir un impact dans les deux ans à venir. Ces conséquences seraient une baisse des flux de transport selon les trois quarts d'entre eux. Ce focus montre aussi que beaucoup d'entreprises de la branche ne sont pas forcément prête, étant dans l'expectative quant aux besoins en recrutement et en formation que cette transition écologique pourrait nécessiter.