L'électrique s'invite dans la logistique de Renault Trucks
L’électrification des flux logistiques est une réalité chez Renault Trucks. Le 3 juillet dernier, le constructeur a, en effet, inauguré officiellement le nouveau plan de transport "zéro émission" entre ses usines de Lyon et de Bourg-en-Bresse. Pour cette ligne jusqu’ici assurée par des camions diesel, la marque au losange privilégie désormais 5 tracteurs E-Tech T 4x2.
Ces camions électriques chargés de 22 tonnes d’essieux effectuent deux rotations quotidiennes, soit 360 km, relier Lyon à Bourg-en-Bresse, où sont assemblés les véhicules de haut tonnage. Deux transporteurs partenaires ont été retenus pour cette mission : le groupe Dupessey&Co et les Transports Chazot.
Les camions effectuent une recharge intermédiaire de 45-50 minutes une fois par jour sur le site de Lyon, où une station de recharge a été spécifiquement installée. Les véhicules sont également rechargés chaque soir aux dépôts des transporteurs.
"18 mois de travail ont été nécessaires pour mettre en place ce flux décarboné. Nous avons dû faire face à des contraintes opérationnelles très fortes en termes de cadence notamment et de précision", indique Bruno Blin, président de Renault Trucks.
Des batteries adaptées aux besoins de la mission
Pour verdir ce flux logistique, les équipes du constructeur ont d’abord étudié la faisabilité du projet. Elles ont notamment mis à profit la solution Range Simulator de la marque. Cet outil permet de calculer où, quand et pendant combien de temps la recharge devra se faire, en se basant sur quatre paramètres : la topographie, la température extérieure, l’usage du camion, son chargement et ses équipements.
"Ce qui nous a conduit à aligner les temps de recharge sur les temps de repos des chauffeurs", souligne Jean-Philippe Kretz, directeur des ventes électromobilité. Régis Pierrelle, directeur des opérations chez Renault Trucks, complète : "Ce travail nous a permis d’équiper les véhicules de batteries ajustées à nos besoins. Avec l’électrique, il est préférable de multiplier les temps de recharge et d’éviter des batteries trop importantes".
S’appuyant sur les données de son parc en circulation, la marque a d’ailleurs révélé que ses clients utilisent moins de 50 % des capacités des batteries de leurs camions électriques sur 83 % de leurs journées d’exploitation.
À l’issue de cette simulation, Renault Trucks s’est ensuite penché sur l’étude de l’implantation des infrastructures de recharge. Objectif : réduire le coût de ces installations et garantir une exploitation optimale. C’est ainsi que deux stations de 360 kW (avec deux points de charge chacune) ont été installées sur le site de Saint-Priest.
Une expérimentation à "livre ouvert"
Du côté des transporteurs, Carole Dupessey et Fabien Chazot, dirigeants des groupes éponymes, ont fait part de leur satisfaction de prendre part à ce projet. "Cette expérimentation s’inscrit dans le cadre de la transition énergétique et de notre engagement mené depuis plusieurs années", insiste Fabien Chazot.
Pour amortir le coût de ces camions électriques tout au long de cette mission, les deux transporteurs ont confirmé bénéficier d’un contrat de six ans avec le constructeur. "Avec l’électrique, nous devons privilégier des contrats à long terme. En-dessous de six ans, aujourd’hui, ça me paraît compliqué…", ajoute Carole Dupessey.
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Même discours du côté de Renault Trucks où Jean-Philippe Kretz confirme que l’optimisation du Capex (dépenses d'investissement, ndlr) est indispensable avec l’électrique. "En tenant compte de l’ensemble des coûts (véhicules, infrastructures, énergie, etc.), nous parvenons, grâce aux aides de l’Ademe, à un surcoût de 5 % par rapport au diesel sur cette durée de six ans", détaille-t-il.
Prudent, ce dernier précise d’ailleurs que le constructeur et ses partenaires transporteurs travailleront, à "livre ouvert" pour favoriser les échanges et les apprentissages tout au long de ces six ans.
Le départ d’un vaste plan de décarbonation
Précisons que ce projet s’inscrit, pour Renault Trucks, dans le cadre d’un programme plus vaste de "verdissement" de son activité logistique. "À l'horizon 2030, nous nous sommes fixés comme objectif d'électrifier massivement notre logistique et à 100 % celle entre nos sites de production", annonce Bruno Blin.
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Le constructeur travaille actuellement à l’électrification d’une dizaine d’autres flux logistiques qui seront opérationnels dans les prochaines années, notamment grâce à une logique de véhicules relais qui permettront d’utiliser l’électrique sur des distances de plus en plus longues.