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Constructeurs

Électrique : Renault Trucks réclame un coup de pouce de l'État pour franchir le cap

Publié le 19 novembre 2025

Par Mohamed Aredjal
3 min de lecture
Malgré une conjoncture qui pèse sur les transporteurs, Renault Trucks France maintient le cap. À Solutrans, son directeur général, Christophe Martin, a exposé une feuille de route centrée sur l’électrique, et l’appui aux clients dans leur transition. Il en a profité pour rappeler aux pouvoirs publics que cette mutation ne pourra s’opérer sans un soutien concret.
Christophe Martin, directeur général de Renault Trucks France, appelant à un soutien accru des pouvoirs publics. ©JPL

En cette fin 2025, le décor n’a rien de rassurant pour le transport routier. Christophe Martin, directeur général de Renault Trucks France, l’a rappelé d’entrée au cours de sa conférence tenue à Solutrans. "Dans un environnement économique compliqué, nos clients ont été dans le dur. Certains ont réduit leur flotte et d’autres ont privilégié l’allongement de la détention de leur parc", observe-t-il.

La tendance se traduira dans les immatriculations : en 2025, le marché français du camion devrait se situer entre 42 000 et 43 000 unités, soit un recul d’environ 13 % par rapport à 2024.

Malgré cette conjoncture, Renault Trucks conserve une position solide. La marque revendique une part de marché proche de 31 % sur le lourd. Le segment des utilitaires, lui aussi en repli, reste un pilier stratégique : il pèse près de 15 % de l’activité de la marque. Les retours positifs sur le dernier Master et l’arrivée prochaine du nouveau Trafic doivent contribuer à redynamiser ce marché d’ici 2026-2027.

Une offensive produits tous azimuts

La transition énergétique, pourtant jugée incontournable, progresse, elle aussi, plus lentement que prévu. Environ 800 camions électriques devraient être immatriculés en 2025, un volume inférieur aux attentes. Renault Trucks capte toutefois près de 60 % de ce marché et revendique un parc de 2 000 camions électriques déjà en circulation.

Pour autant, la marque ne modifiera pas sa trajectoire. "Nous ne changerons pas de cap sur l’électrique", insiste Christophe Martin. Au contraire, le constructeur renforce sa gamme de véhicules "zéro émission". À Lyon, les visiteurs ont pu découvrir le T 780 électrique, capable d’atteindre 600 km avec un pack de 780 kWh, qui couvre désormais les missions de longue distance. Autre nouveauté : le T 585, plus léger, cible les usages nécessitant une charge utile optimisée.

Côté distribution, la marque dévoile le D 12T électrique, un porteur compact pensé pour l’hypercentre, avec 220 km d’autonomie. Il vient compléter la gamme intermédiaire, qui s’étend désormais de 12 à 26 tonnes.

Renault Trucks enrichit aussi son catalogue utilitaire. Le Master Red Edition Propulsion vise les usages nécessitant stabilité et capacité de traction, tandis que la version Offroad cible les métiers de la construction légère. Autre nouveauté majeure : l’intégration au catalogue des trois modèles Flexis, entreprise indépendante lancée par Renault Group, Volvo Group et CMA CGM. Leur production commencera mi-2026 dans l'usine du groupe à Sandouville, en Normandie.

Mais l’électrique implique une équation plus large. Recharge privée, raccordement, gestion des pics de puissance : les transporteurs soulèvent encore des inquiétudes. Renault Trucks dit avoir fait sa part. L’accord signé avec Enedis en 2022 doit faciliter le raccordement des sites clients, tandis que des partenariats ont été noués avec Mobilize, Izivia, ChargePoly et Bump pour la recharge privée. Pour l’itinérance, la marque s’appuie notamment sur Milence, dont le groupe Volvo est actionnaire.

L’État interpellé face à des transporteurs fragilisés

Si l’offre de véhicules progresse, reste la question financière. "C’est une vraie préoccupation", reconnaît Christophe Martin. La captive Renault Trucks Financial Services et le loueur Clovis sont présentés comme deux leviers pour accompagner les investissements. Les CEE et le suramortissement apportent un complément, sans résoudre toutes les inquiétudes.

Le dirigeant appelle donc les pouvoirs publics à prendre leur part. "Aidez-nous à faciliter les opérations des clients avec des aides à l’usage." Christophe Martin plaide notamment pour des espaces de livraison réservés, des plages horaires élargies, et même une mesure plus radicale : "Pourquoi ne pas proposer aux clients qui roulent en électrique des autoroutes gratuites ?"

Reste à savoir si cet appel trouvera un écho auprès de décideurs encore hésitants, à un moment où l’ensemble de la filière attend des signaux clairs pour accélérer réellement la transition.

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