Transport-logistique : plus de 5 000 emplois créés en 2024

Des conjonctures économiques qui se multiplient, mais un secteur qui résiste et poursuit sa croissance. C’est ainsi que peut se résumer le rapport de l’OPTL (Observatoire prospectif des métiers et qualifications dans les transports et la logistique), présenté fin décembre 2025. Dans son étude de 123 pages, rédigée conjointement avec l’AFT et Opco Mobilités, l’observatoire dresse un état des lieux des principales dynamiques du transport, de la logistique et des activités auxiliaires en 2024.
Plus de salariés, moins de constructeurs
Selon les chiffres publiés, la branche comptait 811 169 salariés au 31 décembre 2024, soit une hausse de 0,6 % par rapport à 2023 (+5 066 emplois). Une progression notable dans un contexte économique tendu. "L’ensemble du secteur a bénéficié d’une baisse des coûts de carburants, mais les autres coûts d’exploitation sont en hausse de plus de 5 %, ce qui réduit les marges des entreprises", souligne Valérie Castay, directrice du département des études et projets à l’AFT. "Des entreprises ferment, mais le nombre de salariés continue malgré tout de progresser légèrement", résume de son côté Bruno Lefèvre, président de l’OPTL.
Concernant le profil des salariés, les conducteurs restent majoritaires : ils représentent 62 % des effectifs, soit 521 049 personnes, principalement dans le transport sanitaire et le transport routier de voyageurs. Leur part recule toutefois de 2,1 % sur un an, notamment dans le transport routier de marchandises (TRM).
Féminisation en hausse, effectifs vieillissants
Autre enseignement majeur du rapport de l'OPTL : la poursuite de la féminisation du secteur. "Le taux de féminisation s’élève à 20,4 % en 2024 pour l’ensemble des effectifs salariés, soit un point de plus que l’an dernier", analyse Valérie Castay. Au total, 165 500 femmes travaillent dans la branche. Leur répartition reste toutefois contrastée selon les métiers : elles sont majoritaires dans les fonctions de gestion (73 %) et dans l’interprofessionnel (70 %), mais ne représentent que 8 % des effectifs de la maintenance (+2 points) et 12 % de la conduite (+1 point). Parmi elles, 21 000 conductrices exercent dans le transport sanitaire (35 %) et 14 500 dans le transport routier de voyageurs (25 %).
Ces disparités se retrouvent également dans la pyramide des âges. "À l’échelle de la branche, 40 % des salariés ont plus de 50 ans, et cette proportion dépasse 60 % dans le transport de voyageurs", observe la directrice. L’âge moyen atteint désormais 44 ans et 8 mois, tandis que l’ancienneté au sein d’un même établissement s’établit à 9 ans, en progression de six mois sur un an. À l’inverse, les effectifs sont plus jeunes chez les prestataires logistiques.
Salaires en hausse, recrutements sous tension
Sur le plan économique, les salaires ont progressé de 5 % en 2023 par rapport à 2022, pour un salaire moyen brut annuel de 34 844 euros (26 752 euros net). En parallèle, les recrutements restent majoritairement réalisés en CDI, qui représentent 77 % des embauches, soit quatre points de plus qu’en 2023.
Malgré ces indicateurs positifs, les tensions sur le marché du travail persistent. En 2024, environ 75 000 offres d’emploi ont été diffusées dans la branche, en recul de 4 %. Dans le même temps, 34 % des entreprises indiquent rencontrer des difficultés en matière de recrutement, principalement dans le transport sanitaire (50 %) et le transport de voyageurs (45 %).
Formation et inclusion : des leviers clés
Comme en 2023, le rapport souligne également l’effort des entreprises en faveur de l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap. En 2024, près de 7 000 entreprises étaient assujetties à l’OETH. Au total, 29 000 travailleurs handicapés étaient recensés dans la branche, contre 23 356 un an plus tôt, soit 5,2 % des effectifs.
Autre pilier de l'étude faite par l'OPTL : la formation. Malgré un taux de remplissage en baisse (-5 points par rapport à 2023), le secteur du transport et de la logistique reste attractif. "521 380 demandeurs d’emploi se positionnent sur un métier des transports routiers et logistiques", indique Bruno Lefèvre. Les demandes concernent principalement les métiers de niveau CAP à bac+3, dans la conduite ou la logistique.
Les formations évoluent également dans leur structure. "Le nombre de diplômes délivrés en transport et logistique a augmenté de 11 % en 2024. À l’inverse, le nombre de titres professionnels délivrés a reculé de 10 %", précise Valérie Castay. L’an passé, 42 977 titres professionnels ont ainsi été délivrés dans la branche.
Côté alternance, 12 450 apprentis ont été formés en 2024 (+2 %). Six mois après la fin de leur formation, 79 % d’entre eux ont trouvé un emploi, dont 39 % en CDI et 24 % en alternance.
Digitalisation : une transition en cours
Le rapport consacre enfin un focus à la digitalisation et aux nouvelles technologies. Si 88 % des établissements interrogés déclarent utiliser des outils numériques, seuls 9 % ont recours à l’intelligence artificielle, principalement pour les fonctions support et de communication (65 %) ou pour l’optimisation des activités de transport (44 %). Le recours à la robotisation reste limité, avec 10 % des établissements concernés, mais progresse chaque année.
Face à ces évolutions, les entreprises doivent s’adapter. En 2025, 12 % d’entre elles envisagent d’utiliser davantage l’IA dans leurs opérations quotidiennes, tandis que 43 % déclarent avoir des projets de recrutement ou avoir déjà recruté (+17 points sur un an).
Pour 2025, l’OPTL anticipe une nouvelle hausse des effectifs, avec 2 563 salariés supplémentaires (+0,32 %). Le transport de voyageurs (+2,1 %) et le transport sanitaire (+1,4 %) devraient concentrer l’essentiel de cette croissance, portant le nombre total de salariés de la branche à 813 732.
