Le ministre Philippe Tabarot promet une loi-cadre pour le transport

Mercredi 29 octobre 2025, l'OTRE (Organisation des transporteurs routiers européens) a organisé sa traditionnelle soirée annuelle dans le cœur de Paris, aux Jardins de Saint-Dominique. Avec un plateau d'invités conséquent : Philippe Tabarot, ministre des Transports ; Dominique Bussereau, ancien secrétaire d'État aux Transports et président d'Ambition France Transports ; François Durovray et Clément Beaune, anciens ministres des Transports ; ou encore Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire d'État aux Transports.
La fronde contre les taxes
Cette dernière, désormais présidente de France Logistique, a ouvert les débats avec différents messages forts, portés tout au long de la soirée : "Les recettes des transports doivent aller au transport. Les recettes de la route doivent aller à la route. Cela vaut pour toutes les taxes, peu importe le nom qu'on leur donne."
Sur ce sujet fiscal, Alexis Gibergues, président de l'OTRE a voulu passer un message fort, applaudi par ses adhérents : "Nous ne voulons pas de nouvelle fiscalité. Nous disons non à toute hausse, qu’elle prenne la forme d’une écotaxe, d’un péage urbain, d’un malus ou d’une contribution supplémentaire sur les carburants. Le transport routier, déjà fortement mis à contribution, n’a plus les moyens de financer seul la transition écologique et, surtout, de renflouer les caisses de l’Etat."
Vers une grande loi-cadre pour le transport
Alexis Gibergues souhaite par ailleurs "instaurer une contribution économique et écologique directement aux donneurs d’ordre" ou encore "responsabiliser le consommateur final sur l’impact social et environnemental de leurs livraisons" en interdisant l’usage de la mention "livraison gratuite" sur les sites de vente. Le président de l'OTRE rejoint Anne-Marie Idrac et souhaite un meilleur fléchage des ressources perçus sur la route, vers la route. Ce serait notamment le but de la grande loi transport qu'Alexis Gibergues appelle de ses vœux.
"Si cette loi devra naturellement aborder la question du financement des infrastructures, nous attendons également qu’elle réponde aux fortes attentes de la profession : réglementation sur les prix abusivement bas, meilleur encadrement du respect des délais de paiement, fin du principe d’échanges des palettes, encadrement des temps d’attente chez le client et des conditions d’exécution des opérations de chargement et de déchargement, etc.", détaille-t-il.
Philippe Tabarot veut mieux flécher les ressources routières
La réponse de Philippe Tabarot sur ce sujet était attendue. Et elle a contenté l'audience. Après avoir plaisanté – peut-être un peu longtemps – sur l'instabilité gouvernementale, le ministre des Transports a assuré que cette loi-cadre verrait le jour, et qu'il ne s'agirait pas d'un "énième texte de déclaration d'intentions sans lendemain". Cette loi de programmation pluriannuelle devrait être à l'ordre du jour après le PLF.
Le ministre détaille : "Nous allons trancher de nombreux sujets, comme sur la façon de mieux investir dans nos réseaux, dont les autoroutes, qui se dégradent, sans pour autant alourdir l'impôt, ni créer plus de dette. Nous avons une solution intelligente : flécher les ressources des péages d'autoroute vers la modernisation des réseaux de transport, dans une logique de solidarité entre les modes de transport. Il faut que les péages servent à financer les routes qu'elles empruntent."
Biocarburants et écotaxes
Philippe Tabarot a par ailleurs dit un mot des biocarburants, justifiant le PLF sur le fait que les nombreux avantages fiscaux créé ont permis à certains acteurs d'avoir "des marges peut-être excessives", mais qu'il faut "y remédier sans pénaliser les transporteurs". Le ministre a rappelé que les sénateurs auront le dernier mot sur ce sujet. "Ma conviction est que la transition énergétique se fera avec vous, pas contre vous", a-t-il conclu.
Dominique Bussereau a de son côté, avec des mots bien à lui, remis une pièce dans la machine écotaxe : "Celle qu'on avait inventé initialement n'était pas une connerie. Ce n'était pas le transporteur qui la payait, mais les Leclerc et autres Système U. Ségolène Royal a été aussi brillante qu'à l'habitude (sic) et a fait rater ce projet. Alors que les Allemands tirent aujourd'hui huit milliards d'euros recettes de l'écotaxe. En France, aucun gouvernement n'aura le courage de relancer une écotaxe nationale. Mais sur certains axes, ça doit pouvoir se discuter, sans faire peser une nouvelle taxe sur les transporteurs."
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