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Télépéage : les boîtiers gagnent en couverture et en services

Publié le 1 septembre 2025

Par La rédaction
7 min de lecture
Sur le marché très concurrentiel des badges poids lourds pour le paiement des péages, les émetteurs redoublent d’initiatives pour se différencier. Au cœur des innovations : l’extension géographique des dispositifs et l’enrichissement des services connectés autour de la géolocalisation et de l’analyse de données. Les Pays-Bas rejoindront prochainement la liste des pays couverts.
Le télépéage Passango d'AS 24 est interopérable dans 14 pays. ©AS 24

Si, à terme, le tachygraphe pourrait élargir les modes de règlement des péages, selon Continental VDO, ce marché reste aujourd’hui dominé par les télébadges, complétés au besoin par des cartes de paiement. Pour anticiper l’arrêt du réseau GSM 2G en Europe, Axxès a présenté en février 2025 son nouveau badge. Baptisé C’Moov, il remplacera progressivement le boîtier actuel B’Moov. Avec ses modules GSM 4G et GNSS (Global Navigation Satellite System), il couvre 18 réseaux dans 14 pays. "19 avec les Pays-Bas mi-2026", glisse Sylvain Giraud, son responsable produits péage.

Ce nouveau boîtier est équipé d’un écran permettant au chauffeur de s’assurer que le réseau sur lequel il circule est bien activé, et que le nombre d’essieux, la classe CO2 et le poids renseignés correspondent bien aux caractéristiques du véhicule. C’Moov est paramétrable à distance depuis la plateforme web Lucy, lancée fin 2023. Elle centralise les données et factures du client, propose un tableau de bord avec reporting de flotte personnalisable, et simplifie le transfert de badge d’un véhicule à un autre, par exemple.

Le C'Moov d'Axxès couvre 18 réseaux à péage dans 14 pays. ©Axxès

Le C'Moov d'Axxès couvre 18 réseaux à péage dans 14 pays. ©Axxès

"Les transporteurs peuvent être assistés dans l’ensemble de ces démarches par un live chat", complète Sylvain Giraud. Axxès y a regroupé l’ensemble de ses services de gestion de flotte, tels que Fleet Manager pour la géolocalisation ou Remote Download pour la remontée automatique des données sociales. "La plateforme Lucy sera enrichie prochainement d’une offre de réservation pour la traversée des tunnels alpins, et reste ouverte aux éditeurs tiers spécialisés dans d’autres domaines via API", partage-t-il.

Avec la possibilité d’ouvrir et de fermer les réseaux souhaités via la plateforme Lucy, Axxès décline des offres de télépéage de façon géographique également : Med pour la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, et TIS PL sous technologie DSRC (Dedicated short-range communication) pour la France uniquement. En outre, ses solutions de péage donnent accès à plusieurs parkings sécurisés.

Offres à valeurs ajoutées chez AS 24

Alors qu’Axxès est un pure player du télépéage poids lourd, ses principaux concurrents français et européens proposent ce service au sein d’offres dédiées aux transporteurs routiers de marchandises, en recherchant des synergies entre elles. C’est le cas d’AS 24, filiale de TotalEnergies offrant des solutions de péage dans 21 pays, dont 14 avec son boîtier Passango. "Les réseaux suisses et du Liechtenstein sont accessibles dès cet été, et les Pays-Bas le seront en 2026", annonce Laurent Pouts Saint Germé, directeur stratégies, marketing et supply. Selon les zones géographiques couvertes, AS 24 décline Passango sous différentes offres : Europe dans 14 pays et MED pour la France, l’Espagne, le Portugal et l’Italie, plus un modèle spécifique pour la France.

Avec la proposition européenne la plus complète dotée de la technologie GNSS, le Passango permet d’accéder à divers services additionnels via l’option EuroPilot. Parmi eux, le géofencing (géorepérage) qui peut être partagé avec le client du transporteur à sa demande (option Visibilité).

"Les remontées de données du badge analysées avec celles des cartes carburants d’AS 24 renforcent la sécurité de nos clients. Ils sont alertés par exemple en cas d’incohérence, avec la possibilité de mettre en opposition la carte et le badge 7j/7, 24h/24", indique Laurent Pouts Saint Germé. Parmi les autres fonctionnalités disponibles, le transporteur peut opter pour des propositions d’itinéraires selon les caractéristiques du véhicule et de son chargement, ainsi que pour le calcul d’heures estimées d’arrivée (ETA). "Nos clients auront aussi prochainement la possibilité de réaffecter un badge d’un véhicule à l’autre ou d’une agence à l’autre depuis leur espace client", confie le responsable. À noter que Passango permet d’accéder à une vingtaine de parkings sécurisés en France.

DKV mise sur la donnée

Membre cofondateur de l’entreprise Toll4Europe avec T-Systems, Daimler Truck et Shell, DKV Mobility fait partie des groupes à la tête d’une large gamme de services de mobilité. "Faciliter la vie des transporteurs est dans notre ADN, avec une expertise pointue dans la gestion et le contrôle des données", soutient Anne-Sophie Joussemet, responsable commerciale pour l’ouest de la France. Les données issues des péages proviennent de ses DKV Box.

La plus performante, la DKV Box Europe, est équipée de modules GSM 4G et GNSS. "Elle couvre 19 réseaux et infrastructures routières à péage dans 16 pays avec l’ouverture, avant la fin de cette année, de la République tchèque, de ponts danois puis, en 2026, des Pays-Bas." Ce badge est proposé avec la plateforme DKV Live.

Laquelle rassemble divers services autour de la localisation du véhicule en temps réel avec géofencing, ou le suivi des consommations croisé avec les données remontées par les cartes carburant DKV. La société de télépéage allemande fournit également des badges par zone géographique : DKV Select couvrant la France, l’Espagne, le Portugal et plusieurs ponts et tunnels en Belgique et en Allemagne ; DKV Box Scandic, destiné aux pays scandinaves ; DKV Box TIS PL pour le marché autoroutier français plus les ponts de Millau, Normandie et Tancarville ; DKV Italia pour le marché italien.

La DKV Box Europe de DKV Mobility couvrira 19 réseaux et infrastructures routières à péage dans 16 pays avec l'ouverture à la République tchèque et de ponts danois cette année, puis les Pays-Bas en 2026. ©DKV

La DKV Box Europe de DKV Mobility couvrira 19 réseaux et infrastructures routières à péage dans 16 pays avec l'ouverture à la République tchèque et de ponts danois cette année, puis les Pays-Bas en 2026. ©DKV

"La DKV Card est acceptée pour la traversée des tunnels alpins, ajoute Anne-Sophie Joussemet. Tous nos boîtiers donnent accès à l’outil DKV Analytics, qui centralise et contrôle leur gestion et les transactions. Il sert aussi à mener des analyses sur le remboursement de TVA, l’optimisation des remises et du coût kilométrique par trajet." Pour aider à déterminer la classe CO2 dans les boîtiers (voir plus bas), DKV Mobility a développé l’application CO2 Class Check. Enfin, pour les DKV Box équipés de modules de communication 2G, "un transfert vers des badges 4G est possible à la demande, ou réalisé lorsque ce réseau est arrêté dans un pays", indique la responsable.

UTA Edenred renforce l'interopérabilité

Chez UTA Edenred, "fournisseur de services de mobilité" selon Marc Torterotot, son responsable des ventes en France, le boîtier de télépéage phare est l’UTA One Next. "Interopérable et 4G, il couvre 17 pays. À venir d’ici à la fin de l’année, le réseau tchèque ainsi que de nouveaux tunnels. Suivront les Pays-Bas en 2026. Nous sommes prêts également pour le futur péage en Alsace", détaille-t-il.

Pour enregistrer dans l’UTA One Next les paramètres du véhicule, tels que le nombre d’essieux, la classe CO2 ou le poids, le transporteur utilise son espace client (UTA Service Center) et/ou une application mobile aidée par un guide vocal. "Avec les mêmes facilités, le transporteur peut changer le boîtier d’un véhicule à l’autre et suivre sur son espace client l’état de ses badges, être alerté en cas de mauvaise utilisation, consulter ses factures ou programmer de nouvelles commandes livrables en une semaine partout en Europe."

Le module GNSS du One Next permet d’accéder à plusieurs services autour de la géolocalisation et de la performance de la flotte (option SmartConnect). "La remontée des données sociales est en cours et nous avons noué une quarantaine de collaborations avec des éditeurs de solutions de mobilité comme S3Pweb, Shippeo, Project44…", confie Marc Torterotot. UTA propose également des boîtiers pour des zones géographiques comme le sud de l’Europe avec la solution UTA MultiBox Light, et TIS PL pour la France. "Nos badges peuvent servir à régler des parkings sécurisés, dont 96 en France", ajoute Byllel Ben Khelifa, responsable péages en France d’UTA Edenred.

Lumesia, nouveau portail de services

Nouvelle plateforme européenne de services pour le transport routier, Lumesia est née du rapprochement entre FAIService et Eurotoll après le rachat de ce dernier par FAIService en 2023. "Lumesia rassemble une large offre, allant du péage à la télématique ou au remboursement de TVA en passant par les cartes multiservices ou la réservation de trajets intermodaux comme les ferries et les trains combinés", présente Giulia Franzi Toledano, sa directrice tolling, fuel, & services.

Dans le domaine du télépéage, l’opérateur destine trois offres principales au marché français : Lumesia 1, la plus performante avec ses technologies GSM 4G et GNSS couvrant 17 pays ; Lumesia MED pour les pays sud-européens ; Lumesia FRA pour la France, avec accès à une vingtaine de parkings sécurisés. "Notre couverture va passer à 19 pays avec la République tchèque, avant la fin d’année, et les Pays-Bas en 2026", précise la responsable.

Avec ses technologies GSM 4G et GNSS, le Lumesia 1 est accepté dans 17 pays. ©Lumesia

Avec ses technologies GSM 4G et GNSS, le Lumesia 1 est accepté dans 17 pays. ©Lumesia

Autour de ses télébadges et de Lumesia 1 en particulier, la plateforme Lumesia "propose un écosystème complet de prestations piloté depuis l’espace client et/ou une application mobile. Ce « web service » rassemble plusieurs solutions : géolocalisation, planification et optimisation des trajets, traitement de données du véhicule et du comportement de conduite", illustre Giulia Franzi Toledano. Toutes ces solutions sont regroupées au sein de Lumesia Telematics et s’étendent notamment au suivi des consommations, à la remontée des données sociales et à des outils de simulation.

Par Erik Demangeon

 


Au rythme de l'interopérabilité européenne

Depuis 2004, l’Union européenne cherche à harmoniser les systèmes de paiement des infrastructures routières à péage dans les États membres. Avec la directive EETS (European electronic toll service) pour guide, ce travail de longue haleine conditionne l’interopérabilité des télébadges et, de ce fait, leur couverture géographique. Ces boîtiers sont commercialisés par des “émetteurs de moyen de paiement pour péages”, les Sociétés européennes de télépéage (SET ou EETS Provider). Par leur intermédiaire, les transporteurs accèdent plus facilement aux remises des sociétés d’autoroutes et d’infrastructures routières, comme les ponts et tunnels, et à la récupération de TVA dans certains pays. En France, les remises des sociétés d’autoroutes peuvent aller jusqu’à 13 %.

Selon les SET, les boîtiers sont interopérables dans 12 à 15 réseaux autoroutiers, ponts et tunnels. Parmi les nouveaux pays couverts par les badges, les Pays-Bas sont annoncés mi-2026. Placés sur le pare-brise des cabines, les télébadges sont dotés d’une à trois technologies utilisées par les péages européens : DSRC (Dedicated short-range communication), GNSS (Global navigation satellite system) et Video tolling, qui se développe avec les systèmes free flow. Ancien, le réseau concédé français est majoritairement sous technologie DSRC, tandis que le système envisagé pour l’écotaxe en Alsace sera sous GNSS.

 

Classe d'émission CO2 : un critère devenu stratégique

La classe d’émission du véhicule fait partie des informations à paramétrer dans les télébadges. Imposée par la directive européenne 2022/362, cette obligation vise à accélérer la décarbonation du transport routier. La classe d’émission de CO2 intervient désormais dans le calcul du péage : la classe 1 identifie les véhicules les plus polluants, et la classe 5 les plus vertueux. Tous les poids lourds immatriculés avant le 1er juillet 2019 sont classés 1.

Pour déterminer le classement du véhicule dans les télébadges, les transporteurs doivent indiquer et justifier la date de sa première immatriculation, son groupe ou sous-groupe, et son taux d’émission spécifique. Plusieurs pays, dont l’Allemagne et l’Autriche, ont d’ores et déjà introduit la classe d’émission dans le calcul de leurs péages, avant une généralisation dans tous les États membres.

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