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Evias dynamise la route électrique

Publié le 30 août 2024

Par Florent Le Marquis
4 min de lecture
La start-up dévoile en France sa solution de recharge dynamique pour poids lourds. Evias annonce pouvoir équiper 1 km de route par nuit, avec une technologie qui permettrait aux transporteurs de réduire le coût de leur transition énergétique.
Avec sa solution de recharge dynamique, Evias promet une facilité d'utilisation et des routes qui ne se trouvent pas fondamentalement transformées visuellement. ©Evias

"La transition vers l'électrification est LA solution. Mais c'est déjà contraignant pour un particulier de devoir recharger son véhicule et d'accommoder le temps qui correspond. Pour un transporteur, c'est une impossibilité totale. La clé pour faire sauter ce verrou est de permettre au camion de se recharger en utilisation, pendant qu'il roule." Une observation d'Olivier Besson, CEO d'Evias, qui voit débarquer sa solution en France après trois années de tests en Suède.

Une première application à Troyes

La start-up, née il y a douze ans, a mis au point une technologie de recharge dynamique rapide pour poids lourds électriques. On y associera ainsi le terme de route électrique. Basiquement, la société Evias a développé une technologie permettant aux camions électriques de se recharger en roulant grâce à un connecteur relié à la route, quand celle-ci est équipée. Pas besoin de recharger à la borne, donc.

Ce vendredi 30 août 2024, Evias a dévoilé sa solution E-DFS1 à Troyes (10), où l'Université sera la première structure à disposer d'une ligne de bus interne 100 % électrique équipée de la solution E-DFS1. Ce premier cas d'application en France devrait être opérationnel en 2025.

Une capacité de charge cinq fois supérieure à la distance parcourue

Concrètement, la solution d'Evias se caractérise par un rail au milieu de la voie. Le poids lourd électrique équipé roulant dessus peut ainsi se recharger à partir d'une certaine vitesse (en cas de bouchon et d'arrêt du véhicule, la charge s'interrompt automatiquement) et jusqu'à 100 km/h selon Evias. Quand le véhicule arrive sur un segment de route équipé, le connecteur vient automatiquement se positionner sur ce rail.

"Il peut translater de façon transversale sur quasiment toute la largeur du véhicule. Et si le conducteur doit dépasser, sortir de sa voie ou effectuer une manœuvre d'urgence, le connecteur se rétracte automatiquement", complète Olivier Besson.

Connecteur d'Evias pour camion électrique

Le connecteur d'Evias installé sur le camion se connecte automatiquement au rail pour recharger le véhicule quand celui-ci s'y présente. ©Evias

La promesse est que la capacité de recharge est de cinq fois la distance parcourue. Ainsi, rouler sur 10 kilomètres de route électrique permet en théorie de gagner 50 kilomètres d'autonomie. "Cela permet de n'équiper qu'une fraction de l'itinéraire du véhicule", commente le dirigeant. E-DFS1 peut atteindre une capacité d'un MW.

Des batteries plus petites pour des poids lourds moins chers

La solution se veut économique pour le transporteur. "Un des intérêts est de commander un véhicule avec une batterie jusqu'à 60 % plus petite que les standards actuels, puisque la recharge se fait en roulant. Cela réduit le coût, mais aussi la charge utile du camion. Il y a un coût raisonnable pour le connecteur qu'on installe sur le véhicule", détaille Olivier Besson.

Ce dernier poursuit : "Ensuite, l'opérateur dispose d'un abonnement au cloud Evias qui lui permet de se connecter automatiquement au rail. Et à la fin du mois, il reçoit sa facture qui correspond à l'énergie qu'il a consommée. Par rapport à un véhicule électrique standard, l'amortissement financier sera donc très rapide". Une étude d'impact commandée par Evias à un cabinet doit sortir fin septembre.

Le connecteur est préalablement installé d'origine sur le véhicule. "Nous discutons avec les acteurs du fret et avec les constructeurs. Il ne s'agit pas de travailler avec seulement deux constructeurs. Nous voulons être une solution universelle, accessible à tous, avance le CEO. Le rétrofit est possible mais a moins d'intérêt pour l'acheteur, s'il a déjà acquis un camion électrique au prix fort."

Un an pour déployer la solution

De son côté, la start-up vend son infrastructure routière aux régions, départements ou métropoles. "Mes interlocuteurs me donnent tous l'impression d'être un peu dans l'impasse avec ces deadlines environnementales. Nous arrivons avec une solution alternative et prête", poursuit le CEO, qui assure avoir déjà des discussions en cours et espère finaliser des contrats d'ici la fin d'année.

"Nous sommes prêts à prendre des commandes. Dès qu'un contrat est signé, nous avons besoin d'un an pour déployer notre solution et atteindre 50 à 100 kilomètres de route équipés, assure Olivier Besson. Nous sommes capables d'installer un kilomètre par nuit."

Olivier Besson, Stefan Dragomir et Henric Dahlstrom

Olivier Besson (au centre), le CEO d'Evias, est confiant quant à la réussite de sa solution. ©Evias

Forcément, l'intérêt est d'équiper les itinéraires les plus fréquentés par les camions, comme les autoroutes et routes nationales. Evias veut aussi proposer la recharge statique, aux arrêts de bus, quai de chargement ou parking par exemple. "Nous sommes capables d'équiper au sol l'emplacement pour que le véhicule vienne s'y connecter automatiquement et se recharger", ajoute le patron.

La seule solution de route électrique ?

Ce dernier voit en la technologie de sa société la bonne solution de recharge dynamique : "Quand le sujet de la route électrique est arrivé, les gens sont partis dans deux directions : le pantographe et l'induction. Or, le pantographe est destructeur visuellement, et est une infrastructure compliquée à maintenir et fragile, mais aussi limitante sur le type de véhicule cible en raison de sa hauteur fixe. Quant à l'induction, technologie sur laquelle beaucoup travaillent, il y a des limites en termes de capacité d'énergie qu'on peut transmettre : il faut donc équiper tout l'itinéraire et cela coûte très cher. Il y a aussi le sujet des radiations électromagnétiques qui posent des problèmes techniques de certification, mais aussi d'acceptation du public."

A lire aussi : La route électrique, meilleure solution d'avenir pour la longue distance ?

Olivier Besson conclut : "Ces deux solutions s'essoufflent un peu. La nôtre peut être vue comme plus simple et permet d'adresser un nombre de problèmes significatif : l'intégration parfaite dans l'environnement, avec juste un rail sur la route, mais aussi la sûreté et la haute puissance, le tout avec un coût raisonnable."

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