CO2 : la Commission desserre l'étau avant 2030 pour les camions

L'appel n'est pas resté lettre morte. Quelques semaines après la courrier envoyé fin octobre par plusieurs constructeurs de poids lourds, la Commission européenne a publié le 19 décembre 2025 son amendement ciblé au règlement sur les normes d'émission de CO₂. Ce texte, intégré au paquet automobile présenté trois jours plus tôt, modifie les modalités de génération des crédits carbone pour la période 2025-2029.
Jusqu'à présent, les fabricants pouvaient accumuler des crédits uniquement si leurs émissions se situaient sous une trajectoire linéaire entre les objectifs de 2025 et ceux de 2030. Désormais, ils pourront en générer dès lors que leurs émissions passent sous les objectifs annuels spécifiques, et non plus sous cette trajectoire.
Une subtilité technique qui change la donne. Les constructeurs disposeront ainsi d'une marge de manœuvre plus importante pour constituer un stock de crédits utilisable en 2030, année où ils devront afficher une réduction de 43 % des émissions par rapport à 2019 pour les véhicules de plus de cinq tonnes.
Le retard des bornes de recharge pointé du doigt
Dans sa note explicative, Bruxelles justifie cette souplesse par "le retard pris dans le déploiement de l'infrastructure publique de recharge le long des autoroutes pour les véhicules lourds". Un constat qui fait écho aux difficultés rencontrées par les transporteurs pour électrifier leurs flottes dans un environnement où les points de charge adaptés restent insuffisants.
La Commission maintient cependant le cap sur les objectifs de réduction fixés par le règlement 2019/1242 : pas question de revoir à la baisse l'ambition climatique, mais simplement d'offrir aux industriels un chemin moins escarpé pour y parvenir. Cette flexibilité temporaire pourrait même, selon le texte, "encourager un déploiement plus précoce" des poids lourds "zéro émission".
Les bus urbains exclus du dispositif
Tous les véhicules ne bénéficieront toutefois pas de cet assouplissement. La Commission a choisi d'exclure les bus urbains de cette mesure. Raison invoquée : "Le déploiement des bus urbains zéro émission est déjà bien avancé et leur utilisation n'est pas affectée par un possible manque de développement des infrastructures publiques de recharge le long des autoroutes".
L'amendement doit maintenant passer entre les mains du Parlement européen et du Conseil. La Commission insiste sur la nécessité d'une adoption rapide pour garantir la "certitude réglementaire et la prévisibilité" dont ont besoin les investisseurs de la filière. Le texte ne modifie ni les cibles de réduction ni le cadre général du règlement, mais offre aux constructeurs une bouée de sauvetage provisoire avant la vague réglementaire de 2030.
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