La hausse des coûts d'exploitation dans le TRM se poursuit

La conjoncture du transport routier reste mauvaise. Comme en 2023, le Comité national routier (CNR) a profité du salon Solutrans pour dresser son bilan annuel des coûts d'exploitation du TRM et dévoiler ses prévisions pour 2026. "L'inflation permanente depuis la crise de la Covid a été renforcée par la crise ukrainienne", explique Olivier Raymond, chef statisticien au CNR juste avant de dévoiler les chiffres. "En 2025, l'inflation a augmenté de 2,4 % sur tous les secteurs d'activité. Si on fait un calcul cumulé sur deux ans, cela représente une augmentation de 7,7 %" poursuit-il. Pour 2026, le CNR anticipe aussi une hausse de 2,4 %.
Pour établir ces chiffres, le comité s’appuie sur des données officielles (Insee, Banque de France) et concentre ses calculs sur cinq secteurs représentatifs du TRM : longue distance ea gazole, longue distance ea GNL, secteur régional ea gazole, secteur régional ea GNC ainsi que le secteur régional porteur gazole.
Les données récoltées confirment une tendance claire : tous les secteurs sont touchés. Le carburant reste par ailleurs difficile à anticiper en raison de sa volatilité, mais l’inflation hors carburant, elle, est désormais structurelle.
Une pression sociale accrue en 2025 et 2026
En 2025, les salaires des conducteurs ont augmenté de 0,6 %, portés par l’effet GVT (glissement-vieillissement-technicité). Mais la nouvelle loi sur la Sécurité sociale a fait grimper les coûts sociaux d’un point, notamment via la réduction des plafonds de revenus d’activité. En 2026, la composante salaire devrait encore progresser de 1 %, conséquence directe de la baisse des allègements de charges patronales.
Déplacements, infrastructures, maintenance : tous touchés
Les frais de déplacement n'ont pas été épargnés, avec une hausse de 1,3 % en 2025, marquée par l'introduction du nouvel accord social. Les infrastructures progressent également (+0,9 %), en raison de la flambée des prix des péages (+20 % en 2025). Ces hausses devraient se maintenir en 2026.
Si le prix du véhicule est resté relativement stable en 2025, avec un taux de renouvellement du parc de 16 %, le poste camion, qui comprend la détention de matériel et les services, est lui aussi sous pression. Le poste assurance a ainsi bondi de 6,1 % cette année. Pour 2026, le CNR prévoit +2,3 % sur l’assurance et +3,5 % sur les coûts fixes du matériel.
Côté maintenance, les coûts d’entretien-réparation ont augmenté de 3 % en 2025, auxquels s’ajoute 1,3 % de surcharge liée aux entreprises. Pour 2026, le CNR prévoit une nouvelle hausse, à hauteur de 2 %. Enfin, le secteur de la construction a subi une augmentation de ses coûts de 2 % et devrait atteindre 2,2 % en 2026.
Présente durant la conférence en tant que "témoin", Julie Lee-Quil, présidente de Transports Quil, a livré son regard sur les données du CNR. Si elles démontrent un contexte délicat pour le secteur, la dirigeante a rappelé l’importance de ces chiffres : "Le CNR, pour nous et pour tous les transporteurs, permet de sortir du ressenti et du sentimentalisme. C'est vraiment une base statistique sur laquelle on peut s'appuyer et qui nous permet de poser des chiffres sur des ressentis qu'on peut avoir en entreprise et que nos clients peuvent avoir. Il est devenu une base de travail".
