Les immatriculations de camions électriques pourraient reculer en 2024
Cela pourrait devenir un rendez-vous annuel incontournable. Pour la 2e année consécutive, Mobilians et la FFC Constructeurs ont présenté leur Panorama de la filière véhicules industriels et utilitaires. Une nouvelle édition qui entend donner les clés "aux décideurs et professionnels de la filière" pour "se repérer dans un environnement complexe et à anticiper les évolutions à venir". L'âge moyen du parc de poids lourds continue d'augmenter : 9,3 ans en 2023 (contre 9,2 ans en 2022). Les porteurs passent de 11,1 à 11,3 ans, et les tracteurs de 5,6 à 5,7 ans.
Le B100 en vogue
Premier point attendu et détaillé : celui des immatriculations de VI. 48 853 véhicules de plus de 3,5 tonnes ont été immatriculés en France en 2023. A fin juin 2024, on en comptait 27 679. Des temps de passage supérieurs à l'an dernier donc.
Mais en se penchant par énergie, on constate que le diesel est toujours en forme, tout comme le GNV et le B100 (voir tableau ci-dessous). En 6 mois en 2024, le nombre d'immatriculations B100 de 2023 a déjà été dépassé Il faut par ailleurs y ajouter les véhicules immatriculés roulant au B100 non exclusif, qui sont environ deux fois plus nombreux. Le GNV se veut quant à lui une "filière mature", sur-représentée dans les bennes à ordures et qui " maintient avec infrastructures existantes et modèles de fonctionnement établis", des mots de Nicolas Lenormant, président du Métier VI de Mobilians.
Baisses des immatriculations électriques en 2024 ?
En revanche, l'électrique est en retard. "On va sans doute immatriculer moins de camions électriques en 2024 qu'en 2023, remarque Nicolas Lenormant. Quand on additionne B100 et GNV, cela représente dix fois plus d'immatriculations que les PL à batteries. L'objectif initialement affiché par les autorités de 7 % d'immatriculations électriques en 2025 est loin ! On atteindra déjà difficilement les 2%."
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Pour 2030, les objectifs sont encore plus élevés. "Dans l'état actuel des choses, ça parait impossible d'atteindre 22 % de camions électriques dans les immatriculations. De même pour l'hydrogène : l'objectif est de 3 %, ce sera compliqué", poursuit Nicolas Lenormant, prenant notamment comme argument les difficultés de développement des infrastructures sur l'électrique, prévoyant qu'il en sera de même pour l'hydrogène.
L'arrivée de Vecto Trailer
Autres objectifs élevés : Vecto Trailer, qui va s'appliquer dès 2025 (avec d'éventuelles pénalités à payer en 2026) pour les constructeurs. Ils doivent ainsi réduire de 15 % les émissions moyennes de CO2 de leurs véhicules vendus, par rapport à une base de référence 2019-20. Les immatriculations de diesel ayant diminué depuis lors, et les immatriculations électriques ayant débuté, Mobilians estime ces objectifs atteignables. Ce sera plus compliqué pour la 2e échéance. En 2031, en effet, la baisse des émissions devra être de 45 % vs 2019 (puis de 65 % en 2035 et 90 % en 2040).
Les futures contraintes réglementaires toucheront notamment le marché du camion frigorifique. "Ce sera un vrai challenge car les véhicules sont déjà performants. Il sera difficile d'atteindre les objectifs de réduction", prévient Guillaume Olivier, président de la FFC Constructeurs. Rappelons que les pénalités peuvent vite devenir pharamineuse, comme nous l'expliquait Christophe Danton, directeur RSE et communication de The Reefer Group.
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Côté véhicules utilitaires, "le marché se porte bien, porté par les nouveaux usages de consommation", assure Nicolas Lenormant. Guillaume Olivier ajoute que "le e-commerce a facilité l'essor des VUL frigo".
Un avenir incertain
Plus largement, le secteur du VI subit le contexte économique tendu. "Tous secteurs confondus, le niveau de défaillances au plus haut depuis dix ans, note Nicolas Lenormant. Certaines entreprises ne sont pas sorties de leur PGE, ce qui pèse sur leur capacité à être financées. Nous n'avons pas forcément de belles journées devant nous. Notre crainte est que les problèmes conjoncturels récents deviennent des problèmes structurels."
Guillaume Olivier conclut sur une note optimiste : "Nous avons connu des crises, mais nos entreprises sont habituées à s'adapter aux différents contextes, et ont déjà montré de belles capacités à s'adapter et à passer les crises les unes après les autres."