Transport : les CEE prennent une nouvelle dimension

Jusqu’ici le dispositif CEE (certificats économies d'énergie) était principalement orienté bâtiment et industrie. Ainsi, sur la période 2022-2024, le transport ne représentait que 4 % du volume total de CEE délivrés (hors programmes).
Alors qu’une sixième période démarre le 1er janvier 2026, Colombus Consulting, via sa filiale Balthazar, a mené une étude sur le potentiel stratégique des CEE pour accélérer la décarbonation du transport routier, qui reste le secteur le plus énergivore en France avec 32 % de la consommation finale et le premier contributeur financier.
Transfert des aides de l’État
Cette année marque un tournant puisque désormais les aides budgétaires de l’État ont été transférées vers le dispositif des CEE. Celui-ci intègre donc le bonus écologique et se voit doté d’un programme de leasing social. L’objectif des CEE est double : générer des économies d’énergie et accélérer la décarbonation du transport.
"Avec la 6e période, les CEE changent clairement de dimension. Leur rôle ne se limite plus à soutenir l’efficacité énergétique : ils deviennent un levier structurant pour accélérer la décarbonation du transport routier. Ce basculement marque une évolution stratégique majeure du dispositif, qui repose désormais sur un équilibre subtil entre ambition environnementale, incitation économique et lisibilité pour les acteurs", souligne Nicolas Goldberg, associé chez Colombus Consulting.
Incitation financière et bonifications
Désormais, la prime CEE peut s’accompagner d’une bonification, ce qui assure une prise en charge du coût d’achat entre 7 % et 12 % selon le type de véhicule, permettant de rapprocher ainsi le coût total d’acquisition d’un véhicule électrique de celui d’un modèle thermique.
"Les CEE se révèlent particulièrement intéressants pour les entreprises, notamment sur le segment des véhicules utilitaires légers (VUL), pour lequel le surcoût à l’acquisition d’un modèle électrique par rapport à son équivalent thermique reste significatif. En revanche, la situation reste stable pour les poids lourds et les bus, pour lesquels le dispositif des CEE n’apporte pas de changement majeur par rapport aux aides existantes", précise l’étude.
Des partenariats se construisent
Les constructeurs, concessionnaires et obligés s’unissent pour optimiser la collecte des CEE via des partenariats. L’objectif est de déduire directement la prime CEE du coût d’achat du véhicule pour faciliter l’expérience d’achat.

De nombreux partenariats avec les constructeurs voient le jour. ©Colombus
Les constructeurs engagés dans ces collaborations représentent 91 % des ventes de voitures électriques enregistrées entre janvier et septembre 2025.
"Sur le segment des poids lourds 100 % électriques, EDF est le principal acteur obligé grâce à des partenariats noués avec Renault Trucks (61 % de part de marché en 2025), Volvo Trucks (18 %) et MAN (3 %). Concernant les bus électriques, le marché est plus concentré avec un nombre réduit d’acheteurs, principalement des opérateurs de transport et des AOM. Dans ce cas, les partenariats sont souvent mis en place entre l’obligé et l’opérateur bénéficiaire de la prime CEE", souligne Colombus.
Des attentes pour la sixième période
La 6ᵉ période des CEE qui s’étalera de 2026 à 2030 est très attendue. L’obligation annuelle sera portée à 1 050 TWh cumac, soit une hausse de 27,5 % par rapport à la période précédente.
Toutefois, selon Colombus Consulting, de nouveaux gisements doivent accompagner cette hausse d’obligations pour éviter de répercuter la hausse sur les consommateurs.
"Le gisement associé à l’électrification des véhicules légers, des poids lourds, des bus et des autocars a été estimé à 570 TWh cumac entre 2026 et 2030, en considérant l’état actuel des bonifications. Ce gisement représente un potentiel d’économies d’énergie quatre fois supérieur à celui réalisé par le secteur au cours des dix dernières années. Le gisement du transport routier ne permettra pas de compenser entièrement la hausse des obligations", rappelle Colombus.
"L’électrification du transport routier ouvre un gisement inédit pour les obligés comme pour l’ensemble de la filière. Mais pour que les CEE tiennent pleinement leurs promesses, le marché a besoin de stabilité, de pédagogie et de visibilité. Les bonifications sont aujourd’hui essentielles pour déclencher les investissements : leur continuité sera déterminante pour maintenir la dynamique engagée et accompagner les entreprises comme les territoires dans cette transformation", précise Simon Issard, associé chez Colombus Consulting.
Cinq piliers clés des CEE
Sur cette base d’étude et de consultations avec l’ensemble des acteurs du marché, Colombus Consulting a identifié cinq leviers majeurs d’amélioration du dispositif CEE pour l’électrification du transport : ouvrir de nouveaux gisements pour assurer la cohérence entre le niveau d’obligation et les opérations disponibles, renforcer la pédagogie sur le dispositif CEE, définir un juste niveau des contrôles, alléger les démarches administratives et enfin offrir de la visibilité aux acteurs du marché.
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