Les coûts d'exploitation explosent dans le TRM
Le Comité national routier (CNR) a présenté, pendant une conférence organisée à Solutrans le 22 novembre 2023, son bilan 2023 des coûts d'exploitation du TRM, ainsi que ses prévisions pour 2024. "L'inflation générale est forcément entrée dans le monde du transport, prévient en préambule Alexis Giret, directeur du CNR. Pour les poids lourds diesel, le coût de revient hors carburant a augmenté de 6,3 % en 2023, en moyenne annuelle." Entre tracteurs longue distance, tracteurs régionaux et porteurs, la hausse est sensiblement la même. Pour 2024, le CNR prévoit une augmentation encore plus importe du coût de revient, de 6,8 %.
Aucun poste de dépense n'est épargné
Le CNR a détaillé les inflations subies par les différents postes du secteur. Celui du carburant, l'un des plus importants pour les transporteurs, a fortement augmenté ces dernières années mais est volatile et difficilement chiffrable. Le budget le plus conséquent revient au social. Avec des hausses annuelles, le coût des salaires pour les conducteurs a augmenté d'environ 8 % en 2023 (salaire + charges), avec une nouvelle augmentation avoisinant les 10 % prévue en 2024.
La partie frais de déplacement connaît une inflation annuelle de 6,4 %, celle liée aux infrastructures de 4,6 % (en raison notamment d'une hausse des coûts de péages de 5 % en février 2023). La forte augmentation du prix des véhicules (+13 %), pour un taux de renouvellement des parcs de 16 %, amène le coût de détention de matériel à croître de 4 % pour les tracteurs et de 3,7 % pour les porteurs. Les salaires des personnels administratifs, coûts des locaux et de l'énergie ont également fait croître les charges liées aux structures des transporteurs. Enfin, côté maintenance, le CNR indique une inflation de 4,4 % en 2023. Pour 2024, la prévision est de 5,2 %.
"On peut éviter des coûts qui nous parasitent"
Invités comme "témoin" de cette étude, Julien Depaeuw, président du groupe Depaeuw, a commenté : "La profession a été au premier rang pendant la crise sanitaire et y a laissé des plumes. Aujourd'hui, beaucoup de secteurs subissent l'inflation, mais le transport connaît des spécificités, comme la volatilité du coût du gazole qu'on subit. Il y a aussi la masse salariale du conducteur, qui est le premier poste de dépense de l'entreprise. Et c'est celui qui a le plus évolué, de près de 20 % en quelques années. Mais si on travaille bien avec nos clients, on peut éviter des coûts qui nous parasitent et qui sont chers."
Rappelons que le CNR a une mission d’intérêt général confiée par l’État, qui consiste en premier lieu à réaliser des études et des analyses économiques sur le marché du TRM, avec une attention particulière portée au suivi des variations des coûts d'exploitation au sein de ce secteur.