Florence Dupasquier, FNTR : "Laissez-nous travailler !"

La FNTR (Fédération nationale des transports routiers) tenait son 79^e congrès les 7 et 8 octobre 2025. Après un premier après-midi consacré à l'assemblée fédérale statutaire et au dîner de gala, l'événement principal s'est de nouveau tenu au Beffroi de Montrouge (92), tout près de Paris. Dans un contexte évidemment particulier, et avec un thème affiché : "Rebondir".

Un an, trois gouvernements

"C'est la première fois que nous n'avons ni un ministre, ni un directeur de cabinet ou autre représentant de présent pour prendre la parole et porter des messages au secteur, a déploré Florence Dupasquier, présidente de la FNTR, en introduction de son discours. C'est un signe de la totale instabilité du pays, qui fragilise les entreprises du transport." La dirigeante a rappelé que 3 000 entreprises de transport ont subi une défaillance en 2024, soit 20 % de plus qu'en 2023. Et que ce nombre était déjà de 1 600 à la fin du premier semestre 2025.

Florent Dupasquier a souligné sur un ton sarcastique que, depuis le début de son mandat il y a moins d'un an, elle avait déjà connu trois gouvernements, dont un dernier ne tenant que quelques heures. Elle a également soulevé l'intérêt d'une plus grande "unité" entre les organisations professionnelles du secteur.

"Va-t-on finir par cesser d'ajouter des taxes et des normes parfois absurdes ?"

"Les chefs d'entreprise n'ont pas le moral, car ils n'ont pas de visibilité. Les investissements sont à l'arrêt, les volumes au plus bas. Va-t-on finir par cesser d'ajouter des taxes et des normes parfois absurdes ?, s'est interrogée la présidente. C'est le concours Lépine de la taxe. En France, on n'a pas de pétrole, pas d'argent, mais on a des idées. Mais pas des idées d'économies, plutôt de prélèvements supplémentaires."

Écotaxes régionales, fin de la TICPE, réduction des avantages liés aux biocarburants… Florence Dupasquier a critiqué les diverses mesures mettant à mal les finances et la compétitivité du secteur. Croit-on qu'au nom de l'écologie nous sommes en capacité de supporter plus de charge, alors qu'on souffre déjà de problèmes de compétitivité ? […] Le coût de la transition énergétique doit être partagé avec nos clients. Sinon, elle ne se fera pas, ou avec énormément de retard", réclame-t-elle. La FNTR continue de soutenir un mix énergétique, notamment grâce au B100 qui garantit "économie circulaire et souveraineté énergétique".

IA, cybersécurité et transition sociale

L'organisation professionnelle a par ailleurs voulu réaffirmer son rôle d'accompagnatrice des transporteurs face aux bouleversements que connaît le secteur. Que ce soit sur le plan énergétique, donc, mais pas seulement. "L'intelligence artificielle pose un défi : l'utilisation dans nos entreprises, les conséquences pour les mobilités, et pour nos emplois", interpelle Florence Dupasquier. Cette dernière a aussi fait de la cybersécurité un enjeu majeur, tout comme la transition sociale.

La présidente de la FNTR a rappelé qu'elle travaillait sur l'attractivité des métiers du secteur, listant différents enjeux : "L'évolution de la formation professionnelle, les fins de carrière, la santé au travail, la féminisation, l'insertion des personnes en situation de handicap, etc. Il faut prendre en compte les attentes des jeunes. Sinon, nous serons perdants."

"Nos attentes ne sont pas si nombreuses. Elles se résument en une phrase : Laissez-nous travailler !", conclut Florence Dupasquier.