Lhyfe parie sur l'hydrogène "vert" produit en mer
Pour produire son hydrogène "vert", Lhyfe est désormais prêt à prendre le large. C’est en effet dans l’océan Atlantique que le groupe nantais a lancé, le 20 juin dernier, la production de son précieux gaz. Après une première phase d’expérimentation à quai, le fournisseur d’énergie fondé en 2017 par Matthieu Guesné, a donné le coup d’envoi de sa plateforme de production d’hydrogène offshore, baptisée Sealhyfe.
Celle-ci a été raccordée au hub électrique du site d’essais en mer Sem-Rev (de l’École Centrale de Nantes) au large du Croisic (44), à environ 20 km du littoral atlantique, qui accueille une éolienne flottante. Une vraie prouesse technique selon Lhyfe. Pour l’opérateur, ce site doit avant tout permettre de démontrer la faisabilité technique d’un tel projet, et acquérir l’expérience opérationnelle nécessaire pour passer à l’échelle supérieure.
Jusqu'à 400 kg d'hydrogène "vert" quotidiens
Il faut préciser que, pour mener à bien leur projet, Lhyfe et ses partenaires ont dû concevoir des équipements susceptibles de faire face aux conditions les plus extrêmes. L’entreprise nantaise a notamment fait appel à GEPS Techno pour créer une plateforme flottante de 200 m², qui abritera son unité de production, en particulier un électrolyseur de 1 MW. De quoi fournir jusqu’à 400 kg d’hydrogène par jour.
Après sa conception, la plateforme Sealhyfe a été soumise à une première phase d’expérimentations entre septembre 2022 et mai 2023, au quai des Frégates, sur le Port de Saint-Nazaire (44). Les équipes ont notamment mis au point des outils permettant de piloter la plateforme à distance. L’ensemble des équipements a également été adapté afin de réduire le nombre d’interventions de maintenance à réaliser en mer.
À l’issue de cette première phase, Sealhyfe a été remorquée le 19 mai dernier vers le site d’essais en mer Sem-Rev. Elle a ensuite été raccordée à son hub sous-marin grâce à un câble ombilical conçu et dédié pour cette application. Opérationnel, donc, depuis le 21 juin, le site de production offshore constitue avant tout une vitrine pour le spécialiste de l’hydrogène "vert" qui se dit déjà en mesure d’assurer la montée en puissance de ses installations.
D’ici à la fin de l’exercice, ses capacités de production seront multipliées par 14 puis par 75 dès 2024. "Nous avons dans notre portefeuille une centaine d’usines en cours de développement en Europe. Un tiers d’entre elles verra le jour d’ici 2030", confie Matthieu Guesné.
Avec Hope, Lhyfe vise l'échelle industrielle
Parmi ces différents projets, Lhyfe vient de confirmer la mise en œuvre du programme Hope, coordonné au sein d’un consortium de neuf partenaires. Ce projet a été retenu par la Commission européenne dans le cadre du dispositif Clean Hydrogen Partnership et bénéficie à ce titre d’une subvention de 20 millions d’euros.
Ce financement couvre une période de cinq ans : trois ans de développement du démonstrateur, puis deux ans de démonstration de la fiabilité technique et de la viabilité commerciale du modèle. L’exploitation commerciale des infrastructures de production, d’export et de distribution d’hydrogène ainsi développées se poursuivront au-delà de la durée du projet. "La mise en production du site est prévue pour 2026", ajoute Thomas Créach, directeur technique de Lhyfe.
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Parmi ses particularités, ce nouveau site offshore prendra place sur une barge autoélévatrice (jack-up) acquise d'occasion. La plateforme sera équipée d’un électrolyseur PEM de 10 MW – le premier de cette puissance à être installé en mer – capable de produire jusqu’à quatre tonnes d’hydrogène "vert" par jour. Cet hydrogène sera exporté à terre via un pipeline composite thermoplastique flexible de plus d’un kilomètre. Il alimentera les besoins en mobilité et les petites industries en Belgique, au nord de la France et au sud des Pays-Bas, dans un rayon de 300 km.