eRoadMontBlanc : la mobilité se branche à l’électrique

L’avenir de la mobilité est en marche, et il roule déjà à l’électrique. Le 21 octobre 2025, les cinq partenaires du projet eRoadMontBlanc (ATMB, Alstom, l’université Gustave Eiffel, Pronergy et Greenmot) ont réalisé une démonstration de leur système d’alimentation par le sol (APS) sur la plateforme Transpolis, dans l’Ain (01).
Un véhicule utilitaire modifié par Pronergy et équipé d’un patin récepteur a circulé sur une piste de 420 mètres spécialement aménagée. Objectif : prouver que le rail APS peut alimenter un véhicule en mouvement.
Les essais ont confirmé la robustesse mécanique du rail, sa compatibilité électrotechnique avec les véhicules lourds et son fonctionnement dans des conditions proches du réel : virages, dévers, circulation continue et recharge dynamique à vitesse stabilisée. Patrick Duprat, directeur R&D et compétitivité chez Alstom, résume cette réussite en une phrase : "On conduit comme si on avait un véhicule normal et tout se passe de façon automatique."
La technologie APS, déjà utilisée sur plusieurs réseaux de tramways sans caténaire, a ainsi démontré qu’elle pouvait être transposée au transport routier.
Un consortium mobilisé pour la recharge en roulant
Au-delà de la performance technologique, la réussite d'eRoadMontBlanc repose aussi sur la complémentarité de ses membres. Depuis plusieurs mois, ils travaillent ensemble et multiplient les tests, unis autour d’un objectif commun : permettre la recharge des véhicules sans arrêt.
"La route électrique permet de réduire la taille des batteries et le fait de se recharger en roulant, c’est toujours plus efficace que se recharger à l’arrêt. […] C’est la meilleure solution pour décarboner le transport routier", affirme Patrick Duprat.
ATMB, pilote du projet, apporte ainsi son expertise terrain et son réseau comprenant deux autoroutes transfrontalières ainsi que le tunnel du Mont-Blanc, axe clé du transport européen. Alstom, de son côté, dispose d'une forte expertise dans les systèmes d’électrification. De surcroît, Greenmot propose des solutions R&D pour transformer des véhicules thermiques en camions zéro émission. Autre acteur important : Pronergy. La PME, spécialisée dans les automatismes, développe et intègre les systèmes de conversion d’énergie embarqués. Enfin, l’université Gustave Eiffel, copropriétaire de Transpolis, coordonne les essais et l’évaluation scientifique.
Un projet soutenu par l’État et l’Union européenne
La réussite de cette première phase du projet repose également sur un financement public important. eRoadMontBlanc est soutenu par la France dans le cadre du programme France 2030 et par l’Union européenne via le plan de relance Next Generation EU.
Le projet est également labellisé par Cara et Indura, acteurs reconnus de la mobilité et des infrastructures innovantes. Ce soutien reflète la volonté nationale et européenne d’accélérer la décarbonation du transport routier.
Prochaine étape sur la RN205
La phase d’essais menée à Transpolis ne constitue qu’une première étape. Entre 2027 et 2028, un tronçon d’un kilomètre de route électrique sera installé sur la RN205, à proximité de Chamonix Mont-Blanc. Cet axe, emprunté quotidiennement par de nombreux poids lourds, servira donc de terrain de test grandeur nature pour valider la technologie en conditions réelles.
"Nous attendons désormais avec impatience le prochain véhicule : une semi-remorque que nous avons prévu d’équiper pour la phase 2. Elle permettra de démontrer un transfert de puissance de 500 kilowatts. C’est un atout majeur pour décarboner le transport de fret à longue distance", ajoute le directeur.
Si les résultats sont concluants, la recharge dynamique pourrait être envisagée sur d’autres corridors européens, afin de réduire les temps d’immobilisation liés à la recharge et d’accélérer la transition vers des camions zéro émission.
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