Coc100 : du B100 et des ambitions à la française
1 850. C'est le nombre d'agriculteurs que représente la coopérative Centre Ouest Céréales (COC) née il y a 30 ans. Un groupe aux 465 millions d'euros de chiffre d'affaires, loin du fonctionnement d'une entreprise classique compte tenu de son statut de coopérative. "Nous rapportons à nos agriculteurs ce que l'on fait tous les quinze jours. Nos profits leur sont redistribués, assure le directeur général adjoint, Pierre-Adrien Flages. Les agriculteurs, ce sont nos actionnaires, nos fournisseurs et nos clients."
Du colza dans un rayon de 200 km
À Chalandray, près de Poitiers (86), Coc tient son usine, créée en 2007. C'est ici qu'il fabrique son B100 : le coc100. Coc signifie ici "carburant d'origine colza". Le colza nécessaire à la production du carburant (réalisée sur place, voir plus bas) est récolté dans un rayon de 200 kilomètres. "Un tiers est fourni par nos adhérents, les deux tiers sont achetés à d'autres coopératives", ajoute Pierre-Adrien Flages. Ce biocarburant est distribué dans toute la France aux clients de la coopérative, partant de ce site, qui dispose d'une grande capacité de stockage, via une vingtaine de camions par jour.
Coc100 est très implanté dans l'Ouest, mais dispose d'un bon maillage : Sud-Est (Rhône-Alpes et Côte d'Azur), région parisienne, mais également un peu dans l'Est et le Nord. "Je vous ai choisi parce que vous êtes une coopérative agricole, parce que vous êtes Français et parce que je sais à qui m'adresser s'il y a un problème", lance Bernard Dorchies, dirigeant des Transports Dorchies, venu visiter le site après avoir décidé de franchir le pas pour décarboner sa flotte.
Le B100 permet en effet de réduire jusqu'à 60 % ses gaz à effet de serre et jusqu'à 80 % ses rejets de particules. Pour une légère surconsommation (5 % généralement), compensée par un prix un peu inférieur au gazole. Et des véhicules au coût similaire.
245 000 tonnes par an
Au sein de l'usine de Chalandray, 720 tonnes de graines de colza sont consommées chaque jour, soit quelque 245 000 tonnes sur une année complète (cela peut être moins sur les mauvaises années de récolte, et plus sur les meilleures). Sur ce site proche de Poitiers, on recense trois lignes de trituration. "Nous en avions deux au départ, et nous pourrions même en ajouter une quatrième aujourd'hui, mais ça n'a pas de sens car nous devrions importer du colza, précise Pierre-Adrien Flages. L'extraction sur ces lignes est exclusivement mécanique et s'effectue sans solvant, contrairement à nos concurrents".
Des 245 000 tonnes annuelles, 147 000 finissent en production de tourteaux. "On n'affame pas le monde en faisant du B100. C'est le tourteau qui ressort le plus, et il nourrit les animaux", martèle ainsi le dirigeant. Une fois les tourteaux séparés, le reste passe au cuiseur. La première pression traite dix tonnes par heure, les deuxièmes cinq tonnes par heure. Après la récupération de l'huile brute (96 000 tonnes d'huile brute produites par an), un semi-raffinage est réalisé.
"On débarrasse l'huile de certaines impuretés qui ont des intérêts nutritifs, et on réinjecte ces derniers dans le tourteau", complète Pierre-Adrien Flages. Dans le laboratoire, des prélèvements sont effectués quotidiennement à différents endroits pour s'assurer de la qualité de la production.
Coc100, le numéro deux français
Au final, 52 000 tonnes de biodiesel et coc100 sont produites, soit un peu plus de 20 % du poids de départ. On retrouve aussi, sur cette mise, 34 000 tonnes d'huile alimentaire, 10 000 tonnes d'huile brute pour alimentation animale, ou encore 6 500 tonnes de glycérine brute.
"La problématique que l'on peut avoir est que la production est différente chaque année. La graine peut être plus ou moins humide, etc. Il faut la préparer avant de l'envoyer dans l'usine. Cette année, la graine est très humide par exemple. On la sèche dans le silo", détaille le dirigeant.
Derrière l'indéboulonnable Oleo100 (le B100 du groupe Avril), coc100 se place numéro deux sur ce marché. "Il y a des fins de contrats de la concurrence à aller chercher. Nous faisons des salons, des événements, des courses et autres pour nous faire connaître", confie Vincent Granier, un des trois responsables commerciaux du groupe.
Faire connaître, démarcher, signer de nouveaux contrats, installer gratuitement la cuve, et accompagner en continu : le taux de remplissage des cuves de chaque client est suivi automatiquement chaque jour pour savoir quand réapprovisionner. Une structure modeste, mais un savoir-faire déjà installé, pour une coopérative qui espère gagner des parts de marché.