Yannick Jadot plaide pour des camions "zéro émission" dès 2040
Selon Yannick Jadot, l'industrie du poids lourd est confrontée à un "moment Pearl Harbor". Pour le député européen, rapporteur du règlement sur les émissions de CO2 des poids lourds, il est temps pour le secteur du transport de relever le défi climatique. Fort de constat, le parlementaire entend aller plus loin que les mesures proposées par la Commission européenne en février dernier.
Pour rappel, l’objectif fixé par Bruxelles vise à réduire d'au moins 90 % les émissions de carbone à partir de 2040 (par rapport aux niveaux de 2019) pour les autocars (de plus de 7,5 tonnes) et les camions (de plus de 5 tonnes). Plusieurs étapes ont été fixées pour atteindre cette ambition, avec une réduction de 45 % à partir de 2030, puis de 65 % en 2035. Mais pour Yannick Jadot, cette feuille de route n'est "pas à la hauteur de notre responsabilité climatique".
Un "Forum zéro émission" pour soutenir le déploiement des bornes de recharge
Le député suggère, en effet, de relever les étapes intermédiaires à 65 % dès 2030 et à 95 % dès 2035. Ces propositions sont basées, selon Yannick Jadot, sur des évaluations réalisées par des groupes de réflexion et des discussions avec des constructeurs et des organisations professionnelles. Elles tiennent également compte des préoccupations récemment exprimées par l'ACEA, selon laquelle ces objectifs de réduction des émissions nécessitent une accélération du déploiement des infrastructures de recharge.
Par conséquent, Yannick Jadot demande que les normes fixées par le règlement Afir (règlement sur les infrastructures pour les carburants alternatifs) soient revues à la hausse afin d'assurer l'adaptation des infrastructures aux objectifs imposés aux constructeurs.
Dans ce but, le député recommande la création d'un "Forum zéro émission" qui réunirait tous les acteurs de la chaîne de valeur (constructeurs, transporteurs, fournisseurs d'énergie, opérateurs logistiques, etc.) pour garantir la faisabilité de cet objectif en termes d'infrastructures.
Protéger les constructeurs de bus européens
En ce qui concerne les bus urbains, qui devront être "zéro émission" dès 2030, Yannick Jadot ne remet pas en question cet objectif. Toutefois, afin de favoriser les constructeurs européens, le député suggère d'inclure dans la réglementation un taux de 50 % de composants produits en Europe. L'objectif est de faire face à la concurrence chinoise, très présente sur ce segment de marché.
Pour cette catégorie de véhicules, Yannick Jadot s’est montré également très réservé quant aux flottes roulant au biométhane. Le député indique notamment que son potentiel de production durable est trop limité.
"Un bus au gaz peut fonctionner au biométhane, mais aussi au gaz naturel, et il est impossible d'imposer une distinction aux constructeurs. De plus, il existe du bon biométhane, produit à partir de déchets, et du mauvais, issu de la conversion de terres agricoles. Enfin, plusieurs évaluations européennes montrent que le biométhane n'est pas exemplaire en termes de pollution de l'air..."
Pas d'exemption pour les véhicules spécialisés et de moins de 5 tonnes
Dans la dernière partie de son rapport, Yannick Jadot exprime également son souhait d'étendre les objectifs de réduction des émissions de CO2 à l'ensemble des véhicules utilitaires, y compris les modèles de moins de 5 tonnes. Il estime également que les véhicules spécialisés tels que les bennes à ordures et les véhicules médicalisés, pour lesquels des dérogations étaient prévues par la Commission européenne, devraient également être soumis à la réglementation.