Un parc de véhicules industriels résilient mais vieillissant

C'est désormais un rendez-vous important de l'automne : la publication du Panorama de la filière véhicules industriels et utilitaires de Mobilians et de la FFC Constructeurs. La troisième édition fait état d'une filière qui subit une période de fort ralentissement économique.
"Les procédures de redressement ou liquidation judiciaire sont à un point historiquement haut. Ce n'est pas encore une situation dramatique pour le secteur, mais on sent que les choses se durcissent depuis près de deux ans. Tout le monde est attentif, dont les assurances et les banques. Les taux remontent, ce qui ralentit les ventes, au moment où on aurait besoin de leur aide pour relancer l'activité," analyse Nicolas Lenormant, président du métier véhicules industriels de Mobilians.
Les immatriculations, ce n'est pas surprenant, sont en baisse, avec notamment une chute de 18,8 % côté tracteurs routiers au premier semestre 2025. "Les carnets de commandes sont meilleurs au second semestre. Ce dernier devrait même être meilleur qu'en 2024. L'année ne se terminera pas à 45 000 immatriculations, mais j'espère que l'on atteindra les 40 000", confie Nicolas Lenormant.
Un âge moyen qui va dépasser les 10 ans ?
Depuis 2011, l'âge moyen du parc PL a augmenté de 6 mois (9,4 ans). Cela est dû surtout au parc de porteurs, plus vieux d'un an (11,5 ans en moyenne). Près de la moitié d'entre eux ont plus de 10 ans, quant 85 % des tracteurs ont moins de 9 ans (moyenne d'âge : 5,7 ans). "Nous sommes le 2e pays en nombre d'immatriculations, derrière l'Allemagne, mais le 4e en termes de parc roulant, derrière l'Italie et la Pologne. C'est parce qu'on a un âge moyen plus faible que les autres (Italie : 19,5 ans, ndlr)", analyse Nicolas Lenormant.
L'explication vient du fait que la France exporte beaucoup de PL d'occasion vers ces pays. Or, si les immatriculations de véhicules neufs chutent, ces camions seront moins envoyés vers l'étranger, et l'âge moyen du parc français va se rapprocher de celui de ses voisins.

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Vers le millier d'immatriculations électriques en 2025
Côté énergies, le président du métier VI note une "singularité française" : "Nous sommes en dessous des 90 % de diesel dans les immatriculations de camions neufs." En effet, si le parc est encore composé à plus de 97 % de camions diesel (610 508 sur 624 938 PL), 11 % des tracteurs et 13 % des porteurs ont été immatriculés en nouvelles énergies au premier semestre. On recense ainsi 1 303 véhicules B100 exclusifs, 917 gaz et diesel-gaz, ou encore 432 électriques. Les ventes de camions à batteries ont baissé côté porteurs moyens (-21,1 %) mais fortement augmenté sur les plus de 16 tonnes (+29,4 %).
"Le rythme est encore peu soutenu, et nous avons eu un trou sur les immatriculations électriques au premier semestre, le temps que les fiches CEE se mettent en place", souligne Nicolas Lenormant, qui pense que les 1 000 immatriculations peuvent encore être atteintes sur l'année complète. "Les fiches CEE sont bien plus incitatives que les appels d'offres qui étaient limitatifs. Elles devraient accompagner la dynamique des véhicules électriques", se réjouit Guillaume Olivier, président de la FFC Constructeurs.

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Les CEE toujours plébiscitées
Pour un porteur de plus de 26 tonnes ou un tracteur routier, la bonification peut en effet atteindre les 69 000 €, récupérables directement sur le prix d'acquisition. "Parfois, les obligés mettent plus de bonifications, ajoute Guillaume Olivier. D'autres avantages s'ajoutent : le suramortissement, des aides régionales, un TCO plus compétitif, peut-être un jour les péages gratuits…"
Ajoutons que plus de 1 000 bornes de recharge ont été financées par le programme Advenir (jusqu'à 15 000 € HT), et que la FFC a demandé à ce que les bornes mobiles soient aussi prises en compte pour l'obtention des aides. "Ce sont ces bornes qui nous permettent de faire les essais chez les clients", justifie le président de la FFC Constructeurs.

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