Karima Delli : "Toute la puissance de transformation doit être placée sur le véhicule zéro émission"
Si la voiture particulière a dit adieu en Europe aux moteurs thermiques, il semble que le tout-électrique (à batterie et à hydrogène) ne devienne également la seule piste envisagée pour les cars, les bus et les poids lourds, mais avec des calendriers différents. "Il n'est pas question de relancer la filière du GNV pour les poids lourd, et toute la puissance de transformation doit être placée sur le véhicule zéro émission", précise Karima Delli, présidente de la commission des Transports et du tourisme au Parlement européen (parti des Verts), lors d'un point avec la presse ce mercredi 8 février 2023.
Rappelons que la Commission européenne doit mettre en place les nouveaux standards d’émissions pour les poids lourds le 14 février 2023. La date butoir du "zéro émission" arriverait à 2030 pour les bus de ville, 2035 pour les cars et 2040 pour les camions.
Une direction stratégique qui nécessite également de rénover l'intégralité de la chaîne du fret, puisque 90 % des marchandises entrantes sur le sol européen passent par la mer. Il s'agit alors d'équiper l'intégralité des ports en bornes de recharge rapide, tout comme les zones logistiques où transitent les camions.
L'hydrogène décarboné comme enjeu politique
"Le problème est que depuis la guerre en Ukraine, l'Europe se mue en un continent imprévisible. Tout notre enjeu demeure de le rendre plus prévisible notamment sur les prix de l'électricité en créant un marché de long terme sur l'électrique. Nous sommes à un moment où la France et l'Allemagne doivent faire la paix des braves sur cette question de l'énergie", poursuit Pascal Canfin, président de la commission de l'Environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire au Parlement européen (parti Renew).
Ce marché de long terme fait ainsi l'objet de désaccords entre la France et l'Allemagne. La première souhaitant inclure l'hydrogène décarboné fabriqué à partir du nucléaire dans le champ d'action. L'Allemagne, de son côté, ne veut entendre parler que d'énergies renouvelées.
Le Parlement européen soutient la position de 45 % d'énergies renouvelables en 2030. La mesure qui doit passer avant selon Pascal Canfin désigne l'hydrogène décarboné qu'il vienne du nucléaire ou non. Ce dernier a ainsi précisé que la France mettrait son veto au texte sur la directive énergies renouvelables si l'hydrogène décarboné pour l'industrie n'en fait pas partie.