DAF Trucks rebat les cartes pour monter en puissance sur le marché français

Sur le stand DAF Trucks à Solutrans 2025, les attractions n’ont pas manqué. Outre les XD et XF Electric primés par le trophée "International Truck of the Year 2026", les visiteurs ont pu découvrir les autres nouveautés de la gamme Model Year 2025. "Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas un simple facelift. Nos ingénieurs nous ont livré, avec ce Model Year 2025, une gamme profondément évoluée", insiste Damien Enot, directeur commercial de DAF Trucks France.
Pont à rapport 2,05, adoption du cycle Miller sur les moteurs Paccar MX-11 et MX-13, compresseur d’air débrayable, pompe à eau à vitesse variable… Le constructeur annonce jusqu’à 3 % de gain de consommation par rapport à la génération précédente, avec à la clé une baisse des émissions et du coût au kilomètre.
La sécurité et la connectivité sont intégrées dans le package. Le régulateur de vitesse prédictif est généralisé, tout comme une panoplie de systèmes Adas : freinage d’urgence autonome, Drive-off Assist pour sécuriser les démarrages, surveillance de l’angle mort côté droit, caméra de recul. À noter : le service de connectivité Paccar Connect est inclus dix ans de série.
Pour Franck Rondot, directeur général de DAF Trucks France, cette base technique est un levier direct de compétitivité : "Notre principal objectif est de garantir la disponibilité maximale des véhicules, c’est même notre priorité absolue."
Offensive assumée sur le segment porteur
Si le constructeur conserve une position solide sur le tracteur, il veut désormais combler l’écart sur le porteur. D’où la mise en place d’une véritable stratégie dédiée, avec un objectif affiché de 18 % de part de marché en 2027.
Deux dispositifs structurent cette offensive. D’abord, le programme Paccar Body, qui propose des XB de 7,5 à 19 tonnes carrossés d’usine – fourgon, bâché, Aerobody – avec une garantie constructeur couvrant l’ensemble véhicule plus carrosserie. Ensuite, le dispositif "Ready to Go", lancé en 2021, qui propose désormais une centaine de véhicules disponibles, prêt-à-livrer, couvrant un large spectre d’applications, du frigo au porte-voitures en passant par le BTP.
"Si nous voulons éviter les secousses liées aux cycles du tracteur, nous devons absolument augmenter notre part de marché sur les porteurs", argumente Franck Rondot. "Ready to Go" doit aussi servir de vitrine auprès des carrossiers, avec lesquels DAF cherche à renforcer ses partenariats.
B100, électrique et services : DAF présent sur tous les fronts
Pour tenir son cap à 18 %, DAF ne veut laisser aucun pan du marché de côté, qu’il s’agisse des motorisations alternatives ou des services. Côté thermique, la grande nouveauté est la compatibilité B100 du moteur MX-13 en 480 ch. Le constructeur s’est longtemps montré prudent sur cette énergie, mais le pilote mené en 2024 chez deux clients a levé les derniers doutes.
"Le B100, c’est un sujet très typiquement français", rappelle Franck Rondot. Les essais ont confirmé l’absence de problématique technique et une dérive de consommation moindre qu’anticipée. DAF se met ainsi en ligne avec les attentes de certains grands donneurs d’ordres et des marchés publics.
En parallèle, la gamme électrique se structure autour de neuf modèles XB, XD et XF, avec des PTRA allant jusqu’à 50 tonnes. Les batteries LFP, assemblées aux Pays-Bas, misent sur la longévité et la sécurité, tandis que Paccar Power Solutions fournit les infrastructures de recharge, du chargeur AC 22 kW aux stations DC de plusieurs centaines de kW.
"Notre objectif, c’est de permettre à nos clients de maximiser leur retour sur investissement tout en simplifiant la gestion de leur flotte électrique au quotidien", résume François Roncin, responsable des ventes véhicules électriques. DAF ajoute une offre de location opérationnelle via sa division Paccar Financial sur les gammes XB, XD et XF électriques, avec contrat d’entretien sur 5 à 7 ans, afin de lever une partie du frein à l’investissement.
Autre priorité pour la marque : les contrats d’entretien. La France affiche pour l’instant un taux de pénétration d’environ 37,5 % sur les ventes de véhicules neufs, quand la moyenne européenne dépasse déjà 50 %. "L’objectif est à 70 %. Pendant trop d’années, nous ne l’avons pas proposé systématiquement", affirme le directeur général.
Un réseau réorganisé pour soutenir la croissance
Reste un chantier de fond : adapter le réseau aux ambitions du groupe néerlandais. Le plan européen "Dealer of the Future" vise à augmenter la capacité d’investissement des distributeurs. "Cette image, un peu futuriste, illustre parfaitement notre vision du concessionnaire du futur : un centre de service moderne, connecté et respectueux de l’environnement, avec des infrastructures adaptées à tous types de véhicules. [...] Nos concessions seront de véritables hubs où technologies, service client et décarbonation se rencontreront pour construire le transport de demain", détaille le directeur général de la filiale.
En France, DAF compte aujourd'hui environ 80 points de vente et 12 investisseurs, mais la carte va évoluer. "Pour qu’ils puissent investir autant d’argent, il faut qu’ils puissent gagner encore plus d’argent. Et pour qu’ils gagnent plus, il faut qu’ils soient plus gros et que leur terrain de jeu s’agrandisse", synthétise Franck Rondot. À l’inverse, le nombre d’investisseurs devrait diminuer, dans un mouvement progressif combinant rapprochements, successions et arrivées de nouveaux entrants venus parfois d’autres univers (automobile, agricole ou BTP).
L’objectif est double : rapprocher les ateliers des flux, notamment pour l’électrique, et garantir un niveau de service homogène sur l’ensemble du territoire. "Idéalement, on devrait avoir un point de service tous les 70 kilomètres", conclut le dirigeant.
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