Oleo 100 défend une approche multi-énergie pour accélérer la décarbonation

Et si l'avenir du secteur poids lourd passait par une addition plutôt qu'une soustraction ? C'est en tout cas ce que défend Oleo 100, pourtant spécialisée dans la production de B100. "Aujourd'hui, le marché du transport est en contraction. Quand on est dans le rouge, on ne pense pas forcément à faire du vert. La complémentarité de l'énergie, c'est la clé. Chaque énergie doit avoir un cadre adapté", explique Bastien le Bouhellec, récemment nommé directeur général d’Oleo 100. Selon lui, cette logique d’"addition énergétique" doit permettre aux transporteurs de choisir l’énergie la plus adaptée à leurs usages.

Présente à Solutrans, l'entreprise a toutefois tenu à rappeler le segment sur lequel elle travaille : les biocarburants. Actuellement, 7 % du parc roulent au B100 exclusif et 5 % du parc immatriculé diesel utilisent également ce biocarburant. Les pouvoirs publics ont d’ailleurs récemment envisagé d’augmenter sa fiscalité, avant de finalement revenir en arrière. Un signal fort pour le directeur, qui plaide pour un cadre fiscal stable afin de sécuriser les investissements des transporteurs et une meilleure reconnaissance du produit. Un message qui s’inscrit aussi dans un enjeu de souveraineté énergétique, le B100 reposant sur une filière 100 % française. 

De nouvelles solutions pour renforcer la décarbonation du transport

Deux nouveautés ont ainsi été présentées sur le stand, à commencer par la série "De la graine à la roue", dévoilée en avant-première au salon. Pensée comme un outil pédagogique et technologique, elle retrace toute la chaîne de valeur du colza : de la trituration des graines, qui produit 55 % de protéines (tourteaux) et 45 % d’huile destinée à l’alimentation et à l’énergie, jusqu’à son utilisation finale par les transporteurs. Une manière de rappeler que le colza ne crée pas d’opposition entre alimentaire et énergétique, mais bien une complémentarité.

Autre nouveauté : le projet bas GES. Présenté en début d'année lors du salon SITL, il propose une version améliorée du biocarburant, capable de réduire non pas de 60 %, mais de 80 % les émissions de CO₂ par rapport au gasoil. Des performances rendues possibles grâce à l’adoption de nouvelles pratiques agricoles : fertilisation organique en remplacement des engrais minéraux, non-recours au labour, installation de plantes compagnes permettant de stocker davantage de carbone dans les sols.

Les biocarburants, une alternative de plus en plus crédible et soutenue

Autant d'éléments qui démontrent que les biocarburants peuvent favoriser la décarbonation tout en offrant aux transporteurs un TCO compétitif, avec un produit Crit’Air 1 et 100 % français. "Il faut sortir du prisme : «je décarbone parce que je suis obligé» pour passer à : «je décarbone parce que c'est un axe pour moi d'aller gagner en compétitivité, d'aller remporter des appels d'offres»", insiste Bastien le Bouhellec.

Le projet bas GES a déjà reçu ses premières signatures. Avec 2 000 cuves installées et près de 20 000 poids lourds circulant au B100, Oleo 100 se veut au plus près des transporteurs pour accélérer la transition depuis le gasoil.

L'entreprise espère désormais augmenter ses volumes pour répondre à une demande croissante du secteur. "On voit un marché qui va continuer à croître dans les prochaines années, avec des incitations de décarbonation de plus en plus fortes. Ce ne sera pas une énergie renouvelable contre une autre : il y a de la place pour tout le monde", conclut le directeur.