44 tonnes : la France s’oppose, l’OTRE s’insurge

Le dossier des poids et dimensions des poids lourds était au cœur des discussions à Luxembourg le 5 juin 2025. La présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne a proposé une clause de sauvegarde permettant aux États de restreindre l’accès à leur territoire pour les camions les plus lourds. Si cette disposition constitue une avancée pour Paris, le gouvernement français juge le texte encore perfectible.
Plusieurs pays, comme l’Espagne, le Portugal ou la Belgique, ont exprimé leur désaccord, plaidant pour une meilleure fluidité des échanges transfrontaliers. D’autres, à l’instar de la Bulgarie ou de la Hongrie, partagent les craintes françaises quant à l’impact sur les infrastructures et la sécurité routière. La question du poids maximal par essieu reste également un point de friction.
L’OTRE dénonce une position "déconnectée des réalités"
De son côté, l’OTRE critique vivement la posture française. L’organisation ne réclame pas une libéralisation totale du 44 tonnes, mais un encadrement strict pour les trajets transfrontaliers entre pays limitrophes autorisant déjà ce gabarit. "Il s’agit simplement de permettre des échanges locaux, sans ouvrir la porte à des traversées multi-États", souligne-t-elle.
Selon l’OTRE, cette mesure permettrait de réduire le nombre de trajets, les kilomètres parcourus et, in fine, les émissions de CO₂ par tonne transportée. "Aucune étude ne prouve un report modal inversé vers la route dans ce cas précis", affirme le syndicat professionnel. Ce dernier juge donc la position française "techniquement infondée et économiquement pénalisante" pour les transporteurs hexagonaux, très actifs sur les flux de proximité.
Transition écologique et compétitivité en balance
Le ministère des Transports argue, lui, d’un risque de doublement des coûts d’entretien des routes et d’un retard dans l’électrification des flottes. En outre, Philippe Tabarot met en garde contre un "report modal inversé" au détriment du ferroviaire et du fluvial.
L’OTRE réplique en rappelant les investissements du secteur dans des motorisations alternatives et l’optimisation logistique. "Refuser cette évolution, c’est handicaper nos entreprises sans gain écologique", estime-t-elle, appelant le gouvernement à sortir d’une posture idéologique. Le débat, loin d’être clos, devrait se poursuivre dans les prochaines négociations européennes.