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Transport

Baromètre Upply : les prix du transport en hausse mais les marges en recul

Publié le 23 septembre 2021

Par La rédaction
4 min de lecture
Les prix du transport routier en France ont très légèrement progressé de 0,1% au mois d’août 2021, selon le baromètre Upply, dans un contexte de quatrième vague pandémique. Les marges des transporteurs continuent leur érosion alors que la pénurie de chauffeurs devient prégnante.
Upply a publié son dernier baromètre mensuel consacré à l’analyse des prix du transport routier sur le marché français en août 2021.

En août 2021, la situation sanitaire est restée dégradée en France : le pic des contaminations Covid a été atteint vers le milieu du mois. Mais la quatrième vague épidémique a été endiguée avec l’élargissement de la couverture vaccinale, ce qui a permis d’en réduire l’impact sur l’économie. L’activité globale aurait ainsi continué à progresser, pour se retrouver relativement proche de son niveau d’avant-crise : entre -1% et -0,5% par rapport au quatrième trimestre 2019, contre environ -30% en avril 2020 (première vague), -7% en novembre 2021 (deuxième vague), et -6% en avril 2021 (troisième vague).

Dans le secteur du transport, le mois d’août est traditionnellement un mois dit "entre parenthèses" durant lequel l’économie ralentit, les usines s’arrêtent et les Français partent en vacances. Cette saisonnalité a bien été observée dans le point de conjoncture de l’INSEE de septembre 2021. Le graphique sur le trafic routier de poids lourds montre cependant que l’activité pendant ce mois d’août est restée soutenue.

Les prix semblent atteindre un plafond

Les prix du transport routier en France n’ont que légèrement augmenté : + 0,1% au mois de août par rapport au mois de juillet, révèle l’indice Upply du Transport routier de marchandises en France (UFI Road France). En glissement annuel, ils progressent de 2,1%, contre une hausse de 3,1% le mois dernier. Une contraction de l’inflation semble donc se dessiner dans le transport routier de marchandises en France, comme si les prix touchaient un plafond de verre que nous calculons chez Upply à 1,43€/km.

Les prix spot ont baissé au mois d’août de 1% par rapport à juillet, ce qui est contraire aux tendances généralement observées. Par exemple, en août 2019, les prix spot étaient au plus haut. Les transporteurs que nous interrogeons confirment que le pavillon étranger a étendu ses opérations sur le sol national, ce qui maintient la pression sur les prix, en tous cas pour l’instant.

Le climat des affaires en recul en août

En août 2021, le climat des affaires en France a accentué son repli entamé en juillet, au vu de l'indicateur synthétique de l'Insee, qui perd 2,5 points à 110,1 mais reste cependant à un haut niveau, bien au-dessus de celui d'avant la crise sanitaire (106).

Par secteur d'activité, on constate une évolution favorable de cet indicateur dans l'industrie (+ 1 point à 110), alors dans les services et le commerce de détail, le climat des affaires perd respectivement trois points à 108 et cinq points à 109. Cette deuxième détérioration consécutive est principalement due au fort repli du solde d’opinion sur les perspectives générales d’activité du secteur.

Dans le même temps, le climat de l'emploi est quasi stable à 108 (+1 point) et se situe donc bien au-dessus de sa moyenne de longue période (100), soutenu par la hausse du solde d'opinion sur l'évolution passée de l'emploi dans les services hors agences d'intérim.

Les marges des transporteurs continuent de baisser

Le gazole a enfin stoppé sa hausse continue et s’est replié de 0,5%. Cette baisse n’enraye pourtant pas la progression de l’or noir sur un an. En glissement annuel, l’augmentation du gazole atteint 16,4% (voir tableau en fin de document).

Cet effet gazole a un impact sur le coût général du transport. Ainsi l’indice CNR "Coût d’un ensemble articulé en longue distance" (LD EA) augmente de 5,2% sur un an. Si nous comparons cette progression avec celle des prix du transport de l’indice Upply Freight Index Road France (2,4%), alors il devient clair que la marge des transporteurs s’est détériorée de 2,7% en un an. La montée des prix du gazole est de nature à mettre en danger les entreprises de transport qui peinent à la répercuter dans les prix facturés aux chargeurs. Cette situation devient très préoccupante pour la profession.

Pénurie de chauffeurs en Europe

C’est une sorte de refrain que l’on entend depuis des années : le transport routier manque de main d’oeuvre de façon chronique. Mais durant l’été, ce refrain s’est fait très insistant. La dernière étude publiée par Transport Intelligence parue en août sur le sujet indique que plus de 400 000 chauffeurs manqueraient à l’appel en Europe. Et la France à elle seule aurait besoin de 40 000 chauffeurs !

Certes, la France n’est pas l’homme malade de l’Europe ! Ce titre revient sans contestation au Royaume-Uni chez qui il manquerait entre 60 000 et 70 000 chauffeurs ; la plupart des chauffeurs étrangers qui formaient le socle de l’édifice du transport routiers sont partis à cause de la pandémie et ne seraient pas revenus en raison du Brexit.

Les conséquences pour le business

Au Royaume-Uni, la distribution du lait ou des produits de la marque Coca-Cola est déjà affectée à cause du manque de chauffeurs, tout comme celle du vaccin. Un supermarché a même commencé à informer ses clients des futures pénuries pour éviter qu’ils ne retournent leur frustration contre le personnel ! Selon la RHA (Road Haulage Association), les conséquences se verront très certainement en octobre prochain. Une forte inflation sur les produits de base que sont les pâtes, la viande ou les produits ménagers est fortement envisagée.

L’augmentation des salaires avait déjà commencé dans les pays de l’Europe Orientale depuis quelques années. Aujourd’hui, c’est au Royaume-Uni que l’on assiste aux plus fortes hausses. Quelques entreprises proposent des primes à l’embauche de 1000 £ et jusqu’à 15% de hausse pour garder leurs conducteurs. Les chauffeurs de Tesco menacent de faire grève pour obtenir une revalorisation salariale de 5£/heure !

La tendance risque de se propager à toute l’Europe occidentale. Les syndicats hollandais ont déjà obtenu une augmentation générale de 3,5% en juillet 2021 et programmé 3,25% en janvier 2022 dans le secteur transport et logistique. L’ambiance est donc clairement inflationniste.

Tous les secteurs du transport sont touchés. La pénurie frappe à la fois les flux régionaux et internationaux. Dans ces conditions, les prix du transport sont programmés pour augmenter inexorablement. "Dans la vie, on partage toujours la merde, jamais le pognon", disait Rocco, un camionneur aventurier joué par le regretté Jean-Paul Belmondo, dans le film "100 000 dollars au soleil" d’Henri Verneuil. Cette fois, il semble bien qu’il soit nécessaire de mettre la main au portefeuille pour garantir l’acheminement des marchandises...

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