Incitis veut réinventer la livraison urbaine avec son UrbanCargo

"On est jeune donc on a joué au Lego". La formule résume la méthode d’Eric Poyeton, fondateur et directeur d’Incitis. À Solutrans, la société franco-néerlandaise a dévoilé UrbanCargo, un 19 tonnes électrique construit en combinant uniquement des composants déjà éprouvés dans l’industrie — châssis arrière issu du monde du bus, cabine déjà industrialisée, sous-ensembles standardisés.
Objectif : réduire les risques techniques et accélérer l’homologation, plutôt que de repartir d’une feuille blanche. "Notre conviction, c’est qu’il faut adresser toutes les problématiques de la livraison urbaine", insiste Eric Poyeton.
Une architecture repensée pour les besoins des livreurs
Si la base technique est connue, l’architecture globale, elle, a été revue en profondeur. UrbanCargo abandonne le hayon arrière au profit de cinq ouvertures réparties sur trois côtés. Le porteur peut en outre s’abaisser jusqu’au niveau du trottoir, permettant une dépose directe des colis sans effort ni manœuvre supplémentaire. Cette conception illustre la philosophie d’Incitis : observer les gestes du livreur et reconstruire le véhicule autour d’eux.
Cette approche se traduit par des gains chiffrés. Chaque arrêt est divisé par trois grâce à l’absence de hayon et à l’accès latéral immédiat. Sur une tournée, Incitis estime un gain de productivité de 30 %. "Deux UrbanCargo remplissent exactement le même travail que trois camions classiques. Et le TCO de deux UrbanCargo équivaut à celui de trois diesel. Il est donc nettement inférieur à celui de trois électriques standards", détaille Eric Poyeton.
Les transporteurs semblent réceptifs : sur vingt rencontres, 13 précommandes et 7 intentions d’achat, dont 80 % en configuration électrique.
Phase industrielle en ligne de mire
Malgré ces chiffres, Incitis reste prudente face aux incertitudes géopolitiques. L’entreprise se dit ouverte à plusieurs prolongateurs d’autonomie : pile à combustible, second pack batterie ou moteur biogaz. Selon les configurations, l’autonomie grimpe jusqu’à 400 km, contre 180 km en 100 % électrique.
Au-delà des aspects économiques, UrbanCargo vise aussi un meilleur environnement de travail. La disparition du hayon élimine les montées répétées sur plateforme, les postures contraintes et réduit les risques de chute. Résultat : moins de troubles musculo-squelettiques et une vitesse d’exécution plus constante, même en cas de détour imposé — rue barrée, stationnement saturé, circulation dense.
Incitis prépare désormais la phase industrielle. La start-up vise cinq marchés européens prioritaires : France, Allemagne, Benelux, Royaume-Uni et Turquie. Le premier prototype sera testé à l’automne 2026 sur la piste de Transpolis, avant la mise à disposition de véhicules pilotes pour 14 clients début 2028.
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