Agorastore : une nouvelle voie pour la revente de poids lourds

Un hydrocureur de 2015 avec 25 000 km au compteur, vendu pour 222 964 euros ; une aspiratrice Mercedes Arocs de 2016 cédée à 206 100 euros ; un Scania G410 bi-benne de 2018 ayant parcouru 218 400 km adjugé à 70 500 euros… Voici quelques-unes des meilleures ventes enregistrées par Agorastore au dernier trimestre 2024.
Chaque semaine, plusieurs dizaines de tracteurs, porteurs, remorques, autocars, autobus, utilitaires et engins de travaux publics sont mis en vente par la plateforme d'enchères en ligne. Et depuis quelques années, le volume de véhicules commercialisés sur le site ne cesse d'augmenter. "Entre 2018 et 2024, nous avons doublé le nombre de poids lourds vendus sur notre site", annonce Romain Landelle, directeur du marché grands comptes.
Via Mobilis, un tournant majeur pour Agorastore
Fondé en 2005 pour simplifier la revente de matériels d'occasion de la Ville de Lyon, l'enchériste a élargi son champ d'activité et cible aujourd'hui le marché du véhicule industriel, où il entend faire valoir ses atouts. Une stratégie qui s'est accélérée récemment avec l'acquisition de plusieurs sites de vente spécialisés. Après l'acquisition des opérateurs belges Auctelia en avril 2023 et Clicpublic en juillet 2024, l'entreprise française a franchi un cap en novembre dernier avec le rachat de Via Mobilis.
Une opération d'envergure : avec ses 25 ans d'existence, Via Mobilis s'est imposé comme un acteur de renom en Europe dans le domaine des annonces de ventes de véhicules industriels et d'équipements d'occasion. La plateforme digitale est notamment très présente en France, Italie, Espagne, Benelux et Allemagne grâce à ses entités poids lourds (Europe-Camions), matériels de travaux publics (Europe-TP), engins agricoles (Europe-Agri), véhicules utilitaires (Europe-Utilitaires) et matériels de manutention (Europe-Manutention).
Fédérant près de 6 000 vendeurs actifs, le portail a recensé près de 30 millions de visites en 2023. "Cette acquisition représente une étape cruciale dans notre stratégie de croissance et de diversification, et nous permet de nous rapprocher de notre objectif de devenir un acteur européen majeur. L'expertise de Via Mobilis dans les annonces complète parfaitement notre offre existante sur les enchères, et les synergies qui en découlent nous permettront d'optimiser nos opérations et d'accroître notre efficacité sur les marchés clés de nos clients", se félicite alors Olivier de La Chaise, CEO d'Agorastore. Cette dynamique de croissance externe n'est pas terminée puisqu'Agorastore a engagé des discussions avancées avec des sociétés présentes sur d'autres marchés géographiques ou proposant des types de biens complémentaires.
Une offre clé en main pour les professionnels du transport
Au-delà de sa stratégie d'acquisitions, Agorastore espère surtout se faire un nom dans le secteur du véhicule industriel en misant sur son offre de services. Sa promesse : un processus de cession rapide et sans contrainte, garantissant transparence des transactions et accompagnement personnalisé. Le mécanisme d'enchères permet, en outre, une mise en concurrence des acquéreurs potentiels, et donc une optimisation des prix de vente. Le site de vente aux enchères est accessible dans une quarantaine de pays, lui garantissant une audience de plus en plus large. "Nos vendeurs recherchent un schéma de valorisation simple et efficace pour leurs matériels. Nous représentons donc une alternative digitale aux revendeurs traditionnels et apportons plus de lisibilité à nos clients sur ces transactions tout en minimisant leurs frais", confirme Fabien Ravalison, directeur commercial France du pôle équipements, dédié à l'ensemble des engins roulants.
Des arguments qui séduisent de plus en plus d'acteurs du transport routier de marchandises et de voyageurs. Sur ce dernier segment, la marketplace semble s'être déjà fait un nom puisqu'elle propose un volume toujours plus important d'autobus et d'autocars. "Nous en écoulons 1 500 à 2 000 par an", précise Fabien Ravalison. Aujourd'hui, Agorastore espère convaincre de plus en plus d'acteurs du transport routier de marchandises (TRM) et mise sur une prestation clé en main. Ses équipes peuvent notamment se charger du transport et de l'entreposage des véhicules avec des partenaires disposant de parcs de stockage dans toute la France.
La start-up en compte déjà huit dans le pays, et elle n'exclut pas d'élargir ce maillage si besoin. L'accompagnement d'Agorastore peut aussi inclure la préparation des véhicules, ainsi que la réalisation des photos et des fiches produits détaillées des équipements. Les experts de la plateforme évaluent les biens, déterminent le prix de départ, puis publient les annonces. Les équipes s'occupent de toutes les communications avec les acheteurs potentiels, en prenant en charge les visites, la récupération des biens, les paiements et l'administration de la vente.
La data au service d'un modèle prédictif
Pour s'imposer définitivement dans le paysage du transport routier de marchandises, Agorastore mise aussi sur sa connaissance du marché en privilégiant une approche fondée sur la data. "Nous voulons apporter une réelle valeur ajoutée à nos clients, qu'ils soient acheteurs ou vendeurs", explique Jérémy Payan, directeur du pôle data. Grâce à l'exploitation de ses nombreuses données, l'enchériste doit être en mesure d'anticiper de manière très locale la demande des acheteurs. À cette fin, la start-up a d'abord pour objectif d'affiner la connaissance de ses clients avec une classification des profils pour avoir "la bonne action au bon moment".
Autre ambition : parfaire la connaissance marché des équipes, en particulier l'évaluation des prix. Le pôle data – aujourd'hui composé de quatre personnes, dont deux data analysts – a engagé un important chantier d'homogénéisation de la data partagée par ses différentes entités. Pour construire cette expertise métier, Agorastore s'appuie également sur des données extérieures agrégées depuis différentes sources. "Tout ce travail nous aidera à gagner en pertinence grâce à une meilleure maîtrise du marché", soutient Jérémy Payan.
En outre, cet investissement sera mis à profit dans le cadre du projet de refonte de la marketplace, qui devrait conduire à la mise en ligne d'une nouvelle version de la plateforme dans le courant de l'année. "Nous voulons proposer un site plus conforme aux attentes de nos clients", indique le directeur du pôle data. Un chantier ambitieux, qui devrait renforcer l'attractivité d'Agorastore auprès des professionnels du transport. Aujourd'hui, les acheteurs de poids lourds, bus et cars représentent 20 % des inscrits sur la marketplace, un chiffre en constante progression.
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Comment le groupe Rave optimise la revente de ses véhicules avec Agorastore
Depuis 2017, le groupe de transport et de logistique Rave a choisi la plateforme Agorastore pour fluidifier la gestion de la revente de ses matériels. L'entreprise francilienne, basée à Lieusaint (77), y écoule une large gamme de véhicules et d'équipements : tracteurs routiers, porteurs, semi-remorques, matériels de manutention ou encore caisses de stockage. En 2024, ces ventes ont représenté un chiffre d'affaires de 1,7 million d'euros, avec 174 transactions enregistrées et un taux de conversion élevé. "Autrefois, nous revendions nos véhicules à des négociants spécialisés. C'était chronophage, et je fixais les prix un peu au doigt mouillé", retrace Damien Braillard, directeur technique et des achats du groupe.
Le groupe Rave fait partie des transporteurs séduits par les atouts de la place de marché. ©Groupe Rave
Avec Agorastore, le dirigeant affirme bénéficier d'une solution plus performante, qui lui permet de mieux valoriser les véhicules en fin de vie et de fluidifier ce processus. "Très vite, on s'est rendu compte qu'en plus de nous faire gagner du temps, ça optimisait nos prix de vente", précise-t-il. Le partenariat entre Rave et Agorastore s'est d'ailleurs accéléré après la crise de 2021-2022 et l'inflation sur les véhicules neufs. S'il privilégiait jusqu'ici le modèle de la location financière, le groupe a depuis modifié son approche. "On est devenu propriétaire d'une partie de notre flotte de tracteurs, que nous devons donc revendre sur le marché de l'occasion", détaille le directeur technique.
Un choix d'autant plus payant que ce marché de l'occasion a été porteur ces dernières années, offrant des opportunités de vente à des prix attractifs. Mais si le transporteur utilise Agorastore pour écouler ses véhicules, il n'a, en revanche, pas encore franchi le cap d'y acheter des matériels de seconde vie. "On achète très peu de matériel d'occasion parce que ce n'est pas un modèle économique pertinent pour nous", conclut Damien Braillard.