Les prix du transport routier continuent leur progression en juin 2021

En juin 2021, la levée des restrictions sanitaires a été menée par le gouvernement au pas de charge, avec notamment une fin du couvre-feu avant la date initialement prévue. La reprise économique du pays a ainsi été tirée par deux moteurs : la consommation des ménages et le redémarrage des entreprises. Seuls les problèmes sur les approvisionnements dans l’industrie ou le bâtiment d’une part et les difficultés de recrutement dans la restauration d’autre part sont venus ternir le tableau.

Dans ces conditions très favorables, nous avons observé dans la base de données Upply les variations suivantes :

- Les prix du transport routier en France ont continué leur dynamique haussière en affichant une progression de 0,8% sur un mois, 3,4% sur 1 an et 0,6% sur 2 ans.
- Le nombre de transactions enregistrées sur la base Upply a connu une hausse de 20% en juin par rapport à mai, ce qui correspond à une augmentation réelle de 5% (ramenée à un nombre de jours travaillés équivalent).
- Le kilométrage moyen a progressé de 2,8%.
- Le trinôme Prix, Activité, Intensité est orienté à la hausse, ce qui révèle une dynamique soutenue et robuste. Le secteur du transport routier sort renforcé d’un premier semestre que l’on annonçait plein d’embûches, et peut aborder sereinement le second semestre 2022, celui du rebond économique. Il faudra cependant surveiller les marges, car l’inflation et la capacité seront critiques les mois prochains.

Un contexte de reprise économique

En juin 2021, le climat des affaires s’est encore amélioré clairement. À 113, il a gagné 5 points par rapport au mois précédent et se situe au plus haut depuis la mi-2007, nettement au-dessus de son niveau d’avant la crise sanitaire (105). Le commerce de détail (+8 points) et les services (+6 points) sont les forts contributeurs de l’envolée de l’indicateur.

En lien avec les dernières étapes du déconfinement, le climat dans le commerce de détail se situe à son plus haut niveau depuis le début de la série (janvier 1991). L’enquête de l’Insee montre que le solde d’opinion sur les intentions de commandes augmente nettement, poussé par le commerce spécialisé et la réparation automobile, ainsi que par la perspective de prix de vente en augmentation.

En revanche, dans l'industrie et le bâtiment, le climat des affaires se stabilise après avoir progressé sans interruption depuis décembre 2020. Les professionnels sont moins optimistes, freinés très certainement par les ruptures potentielles ou réelles d’approvisionnement. Cependant, les carnets de commande progressent légèrement et les perspectives générales de production s'améliorent très nettement.

Le gazole sous haute surveillance

Si les transporteurs peuvent donc être optimistes par rapport à l’évolution de la demande, ils sont en revanche confrontés à une augmentation de certains postes de coût. Selon le Comité National Routier (CNR), le gazole représente 21,5% des dépenses globales pour un ensemble routier en longue distance, ce qui en fait le second poste de coût pour un transporteur en France. Or entre mai et juin, le prix moyen à la pompe a augmenté de 1,7% et en seulement 6 mois, cet indicateur affiche une hausse de 8,7% par rapport à la moyenne 2020. Pour les transporteurs, la dépense totale a donc augmenté en moyenne de 1,9% au minimum. Tout indique que les prix du gazole vont continuer à croître au second semestre, ce qui va mettre sous tension les marges des transporteurs.

Dans ce contexte inflationniste, le monde du transport routier français est vent debout contre toute idée de nouvelle taxe. L’examen du projet de loi "climat et résilience" au Sénat a apporté une bonne nouvelle : la possibilité d’instaurer une écotaxe serait reportée à 2028,et activée dans l’hypothèse où le secteur n’aurait pas réduit de manière significative ses émissions de gaz à effets de serre d’ici là. Mais il faudra attendre la fin du parcours législatif pour savoir si ces dispositions seront maintenues.

Le matériel roulant est devenu névralgique !

L’inflation concerne aussi les flottes de véhicules. De nombreux constructeurs lancent de nouveaux modèles. L’Observatoire du Véhicule Industriel vient de publier ses prévisions du marché du véhicule industriel pour le second semestre 2021 et avec la reprise des commandes, les prix des véhicules industriels progressent de 4% à 5%.

Par ailleurs, les délais de livraison des constructeurs, qui souffrent notamment de la pénurie de semi-conducteurs, sont en très forte augmentation : 201 jours contre 96 jours en décembre 2020. En conséquence, la demande en véhicules d’occasion (VO) grimpe fortement. Les ventes de tracteurs par les distributeurs de véhicules industriels ont augmenté de 23% et leurs prix sont en hausse de + 3,4 %, contre + 5,5 % pour les porteurs. Pour les transporteurs routiers français, le matériel roulant constitue le troisième poste de dépense, après le chauffeur et le carburant. On constate aujourd’hui qu’il est à la fois en forte inflation et en tension en termes de capacités.

Le spectre de la pénurie de chauffeurs

En 2020, en raison de la pandémie, la pénurie de chauffeurs a connu une accalmie. Selon la dernière enquête de l’IRU, le nombre de poste de conducteurs poids lourds non pourvus est passé de 24% à 7% en Europe. Mais ce taux devrait remonter à 17% en 2021.

En juin, l’inquiétude a gagné le Royaume-Uni : The Guardian annonçait une déficit de 100 000 chauffeurs, alertant sur les ruptures probables des supply chain alimentaires. La France n’est pas dans une telle situation. Mais ce n’est pas le moment de relâcher les efforts pour promouvoir le transport de marchandises et ses métiers. Saluons à ce titre l’association Le Monde du Transport Réuni, qui a reçu le prix spécial du jury lors de l’édition 2021 du Transporteur de l’Année.

Communiqué de presse d'Upply.